Lespouvoirs totalitaires persécutent leurs opposants politiques. En Allemagne, les premiers camps de concentration fonctionnent à partir de 1933 (Dachau). En Italie, les ßles Lipari remplissent cette fonction. En URSS, une administration spécifique, le goulag, gÚre les camps de travail dans lesquels sont déportés les opposants.
La Shoah, ou entreprise d'extermination des juifs d'Europe 1941-1945, est l'aboutissement de l'idĂ©ologie raciste et antisĂ©mite dĂ©veloppĂ©e par Hitler, FĂŒhrer de l'Allemagne. Elle se dĂ©roule en pleine guerre mondiale, tandis que l'Allemagne hitlĂ©rienne et ses alliĂ©s combattent le monde entier note. Elle porte Ă son paroxysme la rupture des EuropĂ©ens avec les valeurs chrĂ©tiennes, humanistes et philosophiques qui ont fait la grandeur de leur civilisation. Hitler et les juifs Adolf Hitler est le premier coupable de l'extermination des Juifs. DĂšs 1920, Ă son initiative, le petit parti nazi dont il a pris la direction projette d'attribuer aux Juifs le mĂȘme statut qu'aux Ă©trangers et de favoriser leur Ă©migration. Dans Mein Kampf Mon combat », le livre qu'il Ă©crit en prison en 1924 pour dĂ©crire son itinĂ©raire et exposer son projet politique, le futur FĂŒhrer s'Ă©panche sur ses sentiments antisĂ©mites mais ne dit rien du sort qu'il rĂ©serve aux Juifs une fois qu'il serait au pouvoir. En 1928, il renouvelle le souhait de ne tolĂ©rer les Juifs en Allemagne que comme des Ă©trangers ». Sauf en tordant les mots, on ne peut trouver dans Mein Kampf un projet d'extermination physique des Juifs. Hitler ne conçoit pas en effet de tuer tous les Juifs de la Terre, y compris ceux d'AmĂ©rique ou d'Afrique du Sud ! Il se satisfait donc de la perspective de chasser le demi-million de Juifs qui peuple l'Allemagne... Mais il oublie au passage que sa politique de conquĂȘte placera en son pouvoir les millions de Juifs polonais et soviĂ©tiques, sans possibilitĂ© de les chasser comme les prĂ©cĂ©dents. La montĂ©e progressive de l'antisĂ©mitisme Quand Hitler prend le pouvoir en 1933, peu de gens prĂȘtent attention Ă ses foucades antisĂ©mites d'autant qu'il y met un bĂ©mol aprĂšs la journĂ©e de boycott des magasins juifs organisĂ©e le 1er avril 1933. En 1935, brutal changement de ton. Les lois antisĂ©mites de Nuremberg, principalement destinĂ©es Ă interdire les unions mixtes entre Aryens » et Juifs, font remonter la pression. Les nazis pratiquent dĂšs lors un antisĂ©mitisme de plus en plus brutal sans toutefois organiser des meurtres systĂ©matiques. Leur objectif est de pousser les Juifs Ă l'exil, autrement dit d'obtenir une Allemagne judenrein » vidĂ©e de ses Juifs. Dans l'Autriche, sitĂŽt aprĂšs son annexion, Eichmann l'applique avec une redoutable efficacitĂ©. SollicitĂ©s par les nazis de trouver une solution », les Occidentaux se rĂ©unissent Ă Ăvian en juillet 1938 mais c'est pour Ă©taler leurs rĂ©ticences Ă accueillir les candidats Ă l'exil crainte du chĂŽmage..., ce qui dĂ©clenche l'ironie du FĂŒhrer. Toutefois, l'antisĂ©mitisme et le bellicisme dĂ©sormais affichĂ©s sans vergogne par les nazis sont encore loin de faire l'unanimitĂ© parmi les Allemands... Vers l'extermination Le 30 janvier 1939, tandis que se fait jour l'imminence d'un conflit gĂ©nĂ©ralisĂ©, le FĂŒhrer Ă©voque pour la premiĂšre fois en public, devant le Reichstag Parlement allemand, le projet d'exterminer les Juifs et non plus seulement de les chasser dans l'hypothĂšse oĂč ils menaceraient son projet politique Si la juiverie internationale devait rĂ©ussir, en Europe ou ailleurs, Ă prĂ©cipiter les nations dans une guerre mondiale, il en rĂ©sulterait, non pas la bolchevisation de l'Europe et la victoire du JudaĂŻsme, mais l'extermination de la race juive ». Aucun auditeur ne prend Ă la lettre le propos, d'autant que tout semble rĂ©ussir au FĂŒhrer avec l'occupation sans coup fĂ©rir de la BohĂȘme-Moravie, de la Pologne puis de la France. - dĂ©peçage de la Pologne Le 25 mai 1940, sur instruction de Hitler, le chef de la SS Himmler organise dans la Pologne occupĂ©e un triage racial » en restreignant l'enseignement secondaire aux enfants racialement purs ». Il s'agit de rĂ©duire les Polonais tant catholiques que juifs Ă l'Ă©tat d'esclave. - vers la ghettoĂŻsation » La tonalitĂ© change au printemps 1941, quand l'Allemagne se retrouve en guerre contre l'Angleterre de Winston Churchill et l'URSS de Staline. Son gouvernement doit renoncer Ă chasser les juifs vers d'autres contrĂ©es comme Madagascar ! Himmler songe Ă regrouper les Juifs de l'Est dans des rĂ©serves » autour de Lublin, dans le Gouvernement GĂ©nĂ©ral ex-Pologne sous occupation allemande. Cette dĂ©marche reçoit un dĂ©but d'application avec la ghettoĂŻsation. Elle est officiellement justifiĂ©e par le souci de protĂ©ger les Juifs contre le typhus ! De fait, elle accĂ©lĂšre la disparition des Juifs en exposant ceux-ci Ă la famine et aux exactions de toutes sortes. Premiers massacres de masse A l'Ă©tĂ© 1941, lorsqu'est dĂ©clenchĂ©e l'opĂ©ration Barbarossa » contre l'URSS, quatre Einsatzgruppen groupes mobiles d'intervention » de la SS entreprennent de nettoyer » l'arriĂšre pour Ă©viter que des francs-tireurs ne s'en prennent aux soldats. Pour cela, ils fusillent prĂ©ventivement les commissaires politiques du parti communiste et les juifs en Ăąge de combattre. TrĂšs vite, dĂšs le mois d'aoĂ»t 1941, avec l'encouragement tacite mais non formel des chefs de la SS, Himmler et Heydrich, qui multiplient les visites d'inspection sur le terrain, les Einsatzgruppen Ă©tendent leur action aux femmes et aux enfants juifs. Les massacres par balles prennent une dimension apocalyptique, comme Ă Babi Yar Kiev victimes en deux jours, les 29 et 30 septembre 1941. Le commandant d'un Einsatzgruppe qui a participĂ© prĂ©cĂ©demment, en Allemagne, Ă l'Ă©limination par le gaz des handicapĂ©s mentaux, Ă©tend la mĂ©thode aux Juifs, au dĂ©but en les asphyxiant avec les gaz d'Ă©chappement d'un camion. Il s'ensuit qu'Ă la fin de l'annĂ©e 1941, Ă Juifs, hommes, femmes et enfants, ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© assassinĂ©s de diffĂ©rentes façons sans qu'aucun projet planifiĂ© d'extermination n'ait encore Ă©tĂ© mis en oeuvre. Le gĂ©nocide et la guerre Ă ce moment-lĂ , dans les plaines russes, la Wehrmacht piĂ©tine devant l'arrivĂ©e de l'hiver et la rĂ©sistance des partisans. La dĂ©faite se profile Ă Stalingrad. D'autre part, les Ătats-Unis entrent en guerre contre l'Axe qui rĂ©unit l'Allemagne, l'Italie et le Japon. ApprĂ©hendant une nouvelle dĂ©faite aprĂšs celle de 1918, le FĂŒhrer Ă©prouve le besoin d'engager totalement le peuple allemand Ă ses cĂŽtĂ©s. Alors prend forme le projet d'extermination totale des juifs d'Europe. Ce sera la Solution finale de la question juive » en allemand Endlösung der Judenfrage. Ses aspects logistiques sont dĂ©finis lors de la fameuse rĂ©union de Wannsee, le 20 janvier 1942. Une gigantesque organisation de type industriel va conduire Ă la disparition en moins de quatre ans d'un total de six millions d'innocents. C'est ainsi qu'Ă l'est de Minsk BiĂ©lorussie, les Einsatzgruppen poursuivent sans faillir les fusillades Ă ciel ouvert jusqu'en 1944. Du cĂŽtĂ© occidental, Ă l'ouest de Cracovie Pologne, les nazis prennent davantage de prĂ©cautions pour ne pas heurter de plein fouet l'opinion publique ils mettent en place une puissante organisation logistique au centre de laquelle figurent des camps de travail forcĂ© et des camps d'extermination avec chambres Ă gaz et fours crĂ©matoires dont Auschwitz est le cruel symbole. PubliĂ© ou mis Ă jour le 2021-10-06 103159
desmots croisés sur le nazisme, un QCM sur le chapitre. un autre QCM sur le chapitre. un quizz chronologique sur le chapitre. des mots croisés sur l'Entre-deux-guerres. L'essentiel. 1. En U.R.S.S., Lénine puis Staline imposent un régime soviétique* totalitaire* En février 1917, suite à des grÚves et des manifestations, le tsar est
Le mot Goulag est un acronyme de GlavnoĂŻĂ© OUpravleniĂ© LAGereĂŻ. Cette expression russe signifie Direction principale des camps ». Elle dĂ©signe le systĂšme concentrationnaire soviĂ©tique responsable de la dĂ©portation de plus dâune vingtaine de millions de personnes Ă lâĂ©poque communiste. Le mot a Ă©tĂ© popularisĂ© par le roman d'Alexandre SoljĂ©nitsyne, L'Archipel du Goulag 1973. Le travail forcĂ© au cĆur du systĂšme soviĂ©tique Le Goulag a eu de modestes prĂ©cĂ©dents dans la Russie tsariste avec des brigades de travail forcĂ© en SibĂ©rie aux XVIIIe et XIXe siĂšcles. Mais câest avec la RĂ©volution dâOctobre 1917 que le travail forcĂ© devient un Ă©lĂ©ment structurel majeur de la sociĂ©tĂ©. LĂ©nine lui-mĂȘme, aprĂšs lâattentat dont il est victime le 30 aoĂ»t 1918 de la part de Fanny Kaplan, ordonne lâincarcĂ©ration des Ă©lĂ©ments peu sĂ»rs », ce qui fait dĂ©jĂ beaucoup de monde. DĂšs les annĂ©es 1920, les SoviĂ©tiques ouvrent une centaine de camps de concentration qui ont vocation Ă rĂ©habiliter » les ennemis du peuple ou supposĂ©s tels. Pour le pouvoir soviĂ©tique, la rĂ©pression a lâavantage dâoffrir une explication Ă ses Ă©checs en tous genres si la sociĂ©tĂ© communiste et le paradis sur terre tardent Ă sâinstaller, câest quâĂ mesure quâon sâen rapproche, on doit faire face Ă une opposition de plus en plus virulente et sournoise de la part des saboteurs » de tout poil !... La rĂ©pression change dâĂ©chelle en 1929 quand le nouvel homme fort de lâURSS dĂ©cide de recourir au travail forcĂ© pour accĂ©lĂ©rer lâindustrialisation du pays et la mise en valeur de ses ressources. Le systĂšme concentrationnaire ne va dĂšs lors cesser de se dĂ©velopper jusquâĂ la mort de Staline, le 5 mars 1953. Il finira par jouer un rĂŽle central dans lâĂ©conomie du pays, avec un tiers de la production dâor soviĂ©tique, dâune grosse partie de son charbon et de son bois dâĆuvre, sans compter des productions manufacturiĂšres et agricoles. Mais sitĂŽt Staline disparu, ses successeurs vont sâempresser de le rĂ©duire sans toutefois le dissoudre. Conscients de lâinanitĂ© du travail forcĂ© comme outil de dĂ©veloppement, ils dĂ©crĂštent dĂšs mars 1953 une trĂšs large amnistie. La moitiĂ© des 2,5 millions de dĂ©portĂ©s sont immĂ©diatement libĂ©rĂ©s. Les condamnĂ©s politiques, exclus de lâamnistie, vont obtenir une nouvelle vague de libĂ©ration dans les deux annĂ©es qui suivent, au prix de trois grandes rĂ©bellions, marquĂ©es par le refus de travailler. Les camps de travail vont dĂšs lors subsister jusquâĂ la fin de lâURSS et mĂȘme aujourdâhui dans la Russie moderne, Ă une Ă©chelle bien moindre quâauparavant. Il appartiendra Ă MikhaĂŻl Gorbatchev, lui-mĂȘme petit-fils de dĂ©tenus, dâabolir les camps politiques. La violence sous toutes ses formes Ă lâĂ©poque de Staline, le Goulag a consistĂ© en un demi-millier de complexes, rĂ©unissant plusieurs milliers de camps, avec quelques centaines Ă quelques milliers de dĂ©tenus ou zeks dans chacun dâeux, de la mer Noire Ă lâocĂ©an Arctique, du centre de Moscou au Kamtchatka. Il est alimentĂ© par un flux incessant dâarrestations, sous des accusations le plus souvent imaginaires ou futiles, par exemple le vol de quelques Ă©pis ou la vente dâun produit au marchĂ© noir. Nul nâest Ă lâabri et câest la source dâune angoisse permanente dans la population soviĂ©tique. Mais la dĂ©tention est rarement dĂ©finitive. Sa durĂ©e moyenne est dâenviron cinq ans. Elle peut ĂȘtre de dix ans et sâĂ©terniser jusquâĂ la mort pour les dĂ©tenus politiques et les opposants vĂ©ritables, lesquels se retrouvent le plus souvent dans les camps de travail forcĂ© trĂšs rudes du Grand Nord ou de lâExtrĂȘme-Orient, dans les rĂ©gions miniĂšres du fleuve Kolyma, autour de la ville de Magadan. Sur un total de 150 Ă 200 millions de SoviĂ©tiques, les camps de diffĂ©rentes sortes en retiennent environ deux millions. Mais, entre arrestations et libĂ©rations, les rotations incessantes font quâune partie importante de la population soviĂ©tique fait dâune façon ou dâune autre lâexpĂ©rience du Goulag. On estime son nombre Ă dix-huit millions entre 1929 et la mort de Staline, non compris six millions de personnes relĂ©guĂ©es dans les dĂ©serts kazakhs ou les forĂȘts sibĂ©riennes, avec lâobligation de travailler mais sans ĂȘtre enfermĂ©es entre des barbelĂ©s. Les dĂ©tenus, selon tous les tĂ©moignages dont celui dâAlexandre SoljĂ©nitsyne, souffrent de travaux harassants, de violences de la part des gardiens ou des codĂ©tenus, de mauvaise hygiĂšne et de typhus. Ils sont tenaillĂ©s en permanence par la faim et le froid. Sans surprise, deux millions au moins sont morts sans avoir retrouvĂ© la liberté⊠PubliĂ© ou mis Ă jour le 2018-11-27 095014
Louvrier soviĂ©tique en salopette de travail, beau mais grave, tient un drapeau rouge, symbole du communisme, oĂč est inscrit le slogan. Son poing s'abat sur une table oĂč des leaders du camp occidental (on reconnait de face Truman (le 2Ăšme Ă partir de la gauche), Churchill (le 3Ăšme) et De Gaulle (le 5Ăšme), sont dessinĂ©s de façon caricaturale et en noir et blanc. Sur la table, des
Lors du 41Ăšme congrĂšs de lâAmicale, qui sâest tenu les 24-26 novembre 2006 Ă Nantes, ville qui travaille sur la traite nĂ©griĂšre qui constitue un pan de son histoire et, Ă©galement, comme suite Ă la session 2007 du Concours national de la rĂ©sistance et de la dĂ©portation portant sur le travail concentrationnaire, les congressistes se sont interrogĂ©s sur lâexploitation Ă©conomique dâune rĂ©serve inĂ©puisable de travailleurs-dĂ©tenus. Retrouvez dans le bulletin n°307, janvier 2007, p. 11-30 les diffĂ©rentes interventions sur le thĂšme Le dĂ©portĂ©, travailleur esclave ? au sommaire INTRODUCTIONUn projet confluentMĂ©moire de lâesclavage, mĂ©moire de la dĂ©portationLa rencontre des savoirsDâĂ©minents universitaires venus Ă notre rencontreFranchir quelques cloisons OCCUPATION, RĂPRESSION, DĂPORTATIONJean-Pierre AzĂ©ma, professeur Ă©mĂ©rite Ă lâInstitut dâĂtudes Politiques de Paris MAUTHAUSEN, ENTREPRISE CONCENTRATIONNAIRE. FONCTIONNEMENT ET ĂCONOMIE INTERNEMichel FABREGUET, professeur Ă lâUniversitĂ© de Strasbourg LES INDUSTRIELS AUTRICHIENS ET MAUTHAUSENAndreas Baumgartner, historien Ă lâUniversitĂ© de Vienne AutricheLa situation industrielle en Autriche avant lâannexionLes changements immĂ©diatement aprĂšs lâannexionLe dĂ©veloppement industriel pendant la guerre La relation entre les industriels et le camp de MauthausenPremier exemple Reichswerke Hermann Göring et le directeur Paul PleigerDeuxiĂšme exemple Lenzing Zellwolle AG et le directeur Walter SchieberConclusion HOMME OU BĂTE LES RĂFLEXIONS SUR LE STATUT DE DĂPORTĂ DANS LE RĂCIT CONCENTRATIONNAIREPeter Kuon, Directeur de lâInstitut dâĂtudes romanes, UniversitĂ© de Salzbourg Autriche TRAVAIL CONCENTRATIONNAIRE ET ESCLAVAGE MODERNEYannick Guin, maire-adjoint Ă la culture, professeur Ă©mĂ©rite Ă lâUniversitĂ© de Nantes ACTIVITĂS DES RELAIS DE LA MĂMOIRE EN LOIRE-ATLANTIQUEĂtienne Gasche, professeur dâhistoire LA PLACE DE LA DĂPORTATION DANS LâENSEIGNEMENTPierre Aballea, IPR-IA dâhistoireLa dĂ©portation dans les pratiques des enseignantsLes enjeux et les grandes orientations dans lâenseignement de la dĂ©portation âșINTRODUCTION Un projet confluent MĂ©moire de lâesclavage, mĂ©moire de la dĂ©portationPuisque nous venions Ă Nantes, ville qui travaille ce pan de son histoire que fut la traite nĂ©griĂšre, notre objectif Ă©tait de mieux mesurer si le mot esclave, frĂ©quent dans le tĂ©moignage des rescapĂ©s des camps et usitĂ© par les nazis eux-mĂȘmes, cernait ou non dâassez prĂšs la condition de session 2007 du Concours de la RĂ©sistance et de la DĂ©portation portant sur le travail concentrationnaire a constituĂ© pour nous une opportunitĂ© que la mĂ©moire des camps Ă©claire principalement aujourdâhui les centres de mise Ă mort immĂ©diate des dĂ©portĂ©s de persĂ©cution raciaux », il convient, croyons-nous, de remettre en lumiĂšre lâautre versant du systĂšme concentrationnaire rĂ©pression dans les pays conquis et exploitation Ă©conomique dâune rĂ©serve inĂ©puisable de lâorigine du projet, Pierre Saint Macary fut sur la brĂšche⊠Il est dĂ©dicataire des travaux publiĂ©s ci-dessous. La rencontre des savoirs DâĂ©minents universitaires venus Ă notre rencontreTous avaient rĂ©pondu dĂ©jĂ aux sollicitations de notre Amicale â mais câĂ©tait Ă lâUniversitĂ© de Linz, Ă lâoccasion des deux symposiums dont nous avions pris lâinitiative, en 2000 et 2001. Cette fois, ils venaient Ă notre rencontre, congressistes dĂ©portĂ©s, familles et amis. Le geste mĂ©rite dâĂȘtre saluĂ©. Ce furent, pour nous tous, des heures intenses et Richard, absent Ă Nantes mais prĂ©sent Ă Linz, Ă©crit dans Nazisme et barbarie Ăd. Complexe, 2006 Quâest-ce que lâHistoire ? Une affaire de transmission dâexpĂ©riences dâune gĂ©nĂ©ration Ă lâautre. Aussi nâest-elle pas le domaine rĂ©servĂ© de professionnels qui proposeraient la vĂ©ritĂ©, alors que leurs erreurs, leur partialitĂ©, leurs interprĂ©tations tendancieuses ne sont rien moins, au fil des siĂšcles, quâinterminables. Pour tout un chacun, elle constitue le terrain de formation dâune morale Ă la fois personnelle et Histoire est la sĂ©dimentation de ce que les hommes ont vĂ©cu et de la maniĂšre dont ils lâont vĂ©cu. Dans la diffĂ©rence de leurs croyances, de leurs fantasmes, ils en assurent un prolongement immĂ©diat par les rĂ©cits quâils en font Ă leur entourage, Ă leurs descendants. » Franchir quelques cloisonsDe fait, pour nombre de rescapĂ©s, le discours des historiens est vĂ©cu comme une sorte de dĂ©possession. SymĂ©triquement, bon nombre dâhistoriens de la dĂ©portation â ne mentionnons quâAnnette Wieviorka â ont Ă©prouvĂ© la difficultĂ©, voire lâobstacle, que pouvait reprĂ©senter, pour lâĂ©laboration de la connaissance historique, lâĂšre du tĂ©moin. Mais Ă©couter le savoir-dĂ©portĂ© » selon le mot de la psychanalyste Anne-Lise Stern requiert sans doute dâautres outils que ceux de lâhistorien. Câest aussi ce quâon va lire ici. Encore convient-il de ne pas figer sur lâĂ©poque du camp les leçons Ă transmettre. Les mots de Jean Cayrol Gusen, matricule 25â305, pour Nuit et Brouillard, en 1956, nous les avons tous en mĂ©moire â quâils soient en nous tel un fanal de veille braquĂ© sur aujourdâhui âŠnous qui feignons de croire que tout cela est dâun seul temps et dâun seul pays, et qui ne pensons pas Ă regarder autour de nous et qui nâentendons pas quâon crie sans fin. » Vous trouverez les contributions des universitaires invitĂ©s Jean-Pierre AzĂ©ma, historien, professeur Ă©mĂ©rite Ă lâInstitut dâĂtudes Politiques de ParisOccupation, rĂ©pression, dĂ©portationMichel FabrĂ©guet, professeur Ă lâUniversitĂ© de Strasbourg, historien de MauthausenMauthausen, entreprise concentrationnaire. Fonctionnement et Ă©conomie interneAndreas Baumgartner, historien Ă lâUniversitĂ© de Vienne AutricheLes industriels autrichiens et MauthausenPeter Kuon, Directeur de lâInstitut dâĂtudes romanes, UniversitĂ© de SalzbourgHomme ou bĂȘte les rĂ©flexions sur le statut de dĂ©portĂ© dans le rĂ©cit concentrationnaireYannick Guin, maire-adjoint Ă la culture, professeur Ă©mĂ©rite Ă lâUniversitĂ© de NantesTravail concentrationnaire et esclavage moderneĂtienne GascheActivitĂ©s des Relais de la MĂ©moire en Loire-AtlantiquePierre Aballea, IPR-IA dâHistoireLa place de la dĂ©portation dans lâenseignement âșOCCUPATION, RĂPRESSION, DĂPORTATION Je suis heureux de me retrouver parmi vous. Sachez bien que ce nâest pas une simple formule de politesse, tant ce que jâavais vu Ă Mauthausen, lors des forums que vous avez organisĂ©s, mâavait impressionnĂ©, pour ne pas dire bouleversĂ©. Ai-je besoin dâajouter que la mort de Pierre Saint Macary mâa beaucoup touchĂ©, car câest un monsieur qui avait beaucoup de qualitĂ©s câĂ©tait un homme non-conformiste. Je voudrais enfin dire combien est bienvenue la traduction de Montserrat Roig, Les Catalans dans les camps nazis, consacrĂ©e au triangle bleu ». Cela Ă©tant, jâai choisi de prĂ©senter, pour des raisons diverses, une maniĂšre dâintroduction gĂ©nĂ©rale Ă la rĂ©pression qui a frappĂ© les Françaises et les Français, ceux pour qui les annĂ©es 40 furent bien des annĂ©es noires⊠Avant de passer la parole Ă Michel FabrĂ©guet, qui est un trĂšs bon spĂ©cialiste de ce qui a pu se passer au niveau du travail dans les camps de concentration, et notamment Ă Mauthausen. Pour le sujet que jâai choisi â une introduction gĂ©nĂ©rale Ă la rĂ©pression â, je partirai dâun constat banal entre 1940 et 1944, les Français eurent Ă supporter Ă la fois la sujĂ©tion de plus en plus rude Ă lâoccupant et les contraintes de plus en plus lourdes du rĂ©gime le plus autoritaire que la France ait connu au XXe siĂšcle. Si lâessentiel de mon propos sera consacrĂ© Ă la rĂ©pression nazie, il me faut dire quelques mots des pratiques et des complicitĂ©s vichyssoises. En 1940, la France vaincue aurait pu ĂȘtre dominĂ©e par des relations conflictuelles classiques entre occupants et occupĂ©s. Mais au lieu dâadopter le profil le plus bas possible, Philippe PĂ©tain fait le pari et prend le risque dâune collaboration dâEtat en acceptant les contraintes dâune collaboration politique â comme vous le savez, pour des raisons gĂ©opolitiques, mais aussi pour permettre Ă la RĂ©volution Nationale », qui est le dessein primordial du rĂ©gime, de sâenraciner. Celle-ci devait remodeler la France aprĂšs des dĂ©cennies de dĂ©mocratie, il fallait instaurer un rĂ©gime autoritaire et hiĂ©rarchique pour mettre hors dâĂ©tat de nuire aussi bien lâennemi intĂ©rieur â les juifs â que lâAnti-France, entre autres les RĂ©sistants. Non seulement Vichy devient Ă partir de lâĂ©tĂ© 1942 le complice avĂ©rĂ© de la dĂ©portation des juifs de France, mais devient un Ă©tat milicien en 1944 et, pour finir, un rĂ©gime spĂ©cifiquement policier. Rappelons quâen quatre ans, le rĂ©gime de Vichy a non seulement rĂ©voquĂ© 35 000 fonctionnaires, mais surtout condamnĂ© 135 000 personnes pour des motifs politiques, et en a internĂ© 70 000. Comme vous le savez aussi, Vichy, au fil des mois, en quĂȘte grandissante de lĂ©gitimitĂ©, et Ă cause de la percĂ©e de la France Libre, signe les accords Bousquet â Oberg en juillet 1942. Moyennant une reconnaissance de principe de lâautonomie de la police française, indispensable Ă ses yeux pour le maintien dâun ordre dont il avait besoin â ne serait-ce quâau regard de lâoccupant â, ces accords permettaient Ă lâoccupant de se faire livrer toutes celles et tous ceux qui sâĂ©taient attaquĂ©s dâune maniĂšre ou dâune autre au Reich, donc aux rĂ©sistants, quâils soient communistes ou non. Cela dit, la dĂ©nonciation des complicitĂ©s rĂ©elles de Vichy, notamment dans la dĂ©portation des juifs de France, tend depuis une dizaine dâannĂ©es Ă relĂ©guer au second plan les dĂ©portations de rĂ©pression. Et la polarisation sur Vichy est devenue telle quâon en arrive trop Ă oublier â dans un phĂ©nomĂšne classique de balancier dans les phĂ©nomĂšnes de mĂ©moire â les rĂ©alitĂ©s de lâoccupation nazie et en tous les cas ses pratiques rĂ©pressives Ă lâĂ©gard des opposants en France au Reich. Rappelons briĂšvement que le nazisme est le prototype mĂȘme du rĂ©gime totalitaire de type fasciste. La majoritĂ© des politologues se retrouvent sur lâhypothĂšse suivante on peut caractĂ©riser ce rĂ©gime totalitaire de type fasciste par â une idĂ©ologie dâĂtat obligatoireâ un quasi monopole sur les moyens de communicationâ une direction centrale de lâĂ©conomieâ un parti de masse uniqueâ un contrĂŽle strict de la vie socialeâ un monopole des instruments de violenceâ une terreur policiĂšre. Ce sont ces deux derniĂšres caractĂ©ristiques qui vont le plus retenir notre attention. Ajoutons nĂ©cessairement ceci ce qui singularise le plus le nazisme Ă lâintĂ©rieur des rĂ©gimes totalitaires, câest son exaltation de la guerre, qui fera naĂźtre un homme nouveau, un homme vĂ©ritablement nazi. Exaltation de la guerre et donc expansionnisme territorial pour assurer lâhĂ©gĂ©monie germanique sur lâEurope. En prenant en compte les objectifs politiques de lâAllemagne nazie, on peut dessiner un partage de lâEurope occupĂ©e en trois sous-ensembles Ă lâest, lâobjectif Ă©tait Ă terme la colonisation, avec lâĂ©loignement de la population indigĂšne et avec presque toujours lâĂ©limination systĂ©matique des Ă©lites, de toutes les Ă©lites. Dans lâEurope de lâOuest et du Nord, il sâagissait dâincorporer au grand Reich des pays dont les populations Ă©taient tenues comme germaniques. Le dernier de ces sous-ensembles Ă©tait formĂ© par la seule France. Lâobjectif de Hitler, au dĂ©part, et des nazis de maniĂšre globale, nâĂ©tait pas la polonisation mais la vassalisation, en instrumentalisant un gouvernement satellite mais autonome qui permettait au vainqueur de gĂ©rer au moindre coĂ»t la France vaincue, dans lâintĂ©rĂȘt du Reich. Pendant longtemps, la question des rĂ©pressions dans la France occupĂ©e, dans lâhistoriographie classique, a reçu des rĂ©ponses sinon Ă©difiantes, du moins convenues. Lâoccupant aurait Ă©tĂ© korrect » avec un k⊠et aurait du moins Ă©vitĂ© les dĂ©rives sanguinaires que lâEurope de lâEst a connues. La jeune Ă©cole historique allemande Ulrich Herbert, Regina Delesz, Aherich Meyer et les jeunes pousses françaises notamment Gacl Vismann ont revisitĂ© la question nazie, notamment les politiques de rĂ©pression menĂ©es Ă lâest. Il faut, comme toujours en histoire, prĂȘter trĂšs attention Ă la chronologie. Aux yeux de Hitler, la France devait, pour des raisons gĂ©opolitiques, ĂȘtre relativement mĂ©nagĂ©e. Lâoccupant va donc se contenter, au dĂ©part, de mener une politique de surveillance, le maintien gĂ©nĂ©ral de lâordre restant aux mains mais surtout sous la responsabilitĂ© des autoritĂ©s françaises, mais soumis au contrĂŽle allemand. La premiĂšre inflexion, comme le montre notamment la politique officielle dâexĂ©cution des otages, menĂ©e au nom de lâanticommunisme et de lâantisĂ©mitisme, intervient avec lâinvasion de lâURSS opĂ©ration Barbarossa en juin 1941. Puis la mise en Ćuvre de la guerre totale, en 1943, alors que Vichy nâa plus grand-chose Ă monnayer depuis la perte de son empire, va accentuer notablement une politique dorĂ©navant ouvertement rĂ©pressive. Le Commandement postule la prioritĂ© absolue des impĂ©ratifs militaires sur toute autre considĂ©ration. En 1944, avec les revers militaires Ă lâEst, puis Ă lâOuest, tandis que progresse la rĂ©sistance française, les Français seront peu ou prou soumis au sort commun de lâEurope occupĂ©e. La pratique rĂ©pressive change alors encore de nature de rĂ©pressive, la politique de lâoccupant devient terroriste Oradour, Tulle, Vassieux-en-Vercors⊠sont les symboles de cette ascension aux extrĂȘmes. Mais ajoutons aussi ceci on ne saurait oublier quâavant mĂȘme le 6 juin 1944, avaient Ă©tĂ© dĂ©clenchĂ©es des opĂ©rations de grande envergure, thĂ©oriquement contre la rĂ©sistance, mais avant tout contre des populations civiles, dans les zones de Maquis, dans lâAin, en Savoie, en Dordogne, entre autres. On estime quâen 1944, 21 000 personnes seront victimes dâune dĂ©portation massive dans le cadre dâune dĂ©portation qui se voulait en tout cas rĂ©pressive. Pour mettre en Ćuvre ce durcissement, Hitler avait ordonnĂ©, dĂšs mars 1942, la mise en place dâun chef supĂ©rieur de la police et de la SS, le gĂ©nĂ©ral Karl Oberg, installĂ© Ă Paris par Heidrich en personne, auquel devaient ĂȘtre transfĂ©rĂ©es toutes les compĂ©tences policiĂšres ainsi que les mesures prĂ©ventives et expiatoires ». Cela dit, on aurait tort de faire endosser la responsabilitĂ© de lâescalade de la rĂ©pression et de la terreur nazie en France aux seuls reprĂ©sentants locaux de la SS, contrairement Ă une lĂ©gende couramment entretenue jusque rĂ©cemment par les tenants dâune Wehrmacht qui aurait Ă©tĂ© korrecte »âŠ, car certaines unitĂ©s de la Wehrmacht, façonnĂ©es par le nationalisme et le racisme nazis, ont bien Ă©tĂ© partie prenante de la terreur. La dĂ©portation est devenue, Ă compter de lâhiver 1941-42, une des modalitĂ©s courantes de la rĂ©pression allemande elle Ă©tait rapide, discrĂšte, voire rentable. Progressivement, la majoritĂ© des personnes arrĂȘtĂ©es par ce quâil est convenu dâappeler la Gestapo, ou la police de Vichy, Ă©taient envoyĂ©es directement en camp de concentration, sans mĂȘme passer en jugement, par les tribunaux militaires allemands. Quiconque portait atteinte Ă la politique de lâoccupant relevait du camp de concentration. En prĂ©cisant que celui ou celle qui Ă©tait convaincu de sâĂȘtre attaquĂ© Ă la Wehrmacht par des actes qualifiĂ©s de terroristes » Ă©tait condamnĂ© Ă la peine capitale. On peut donner ainsi lâexemple de ce grand rĂ©sistant, Jean Cavailles, membre du rĂ©seau LibĂ©ration Sud, avant dâĂȘtre membre de LibĂ©ration Nord, chef dâun des rĂ©seaux les plus importants du BCRA, arrĂȘtĂ© en 1943, et condamnĂ© Ă la dĂ©portation. En partance pour lâAllemagne, en passant par CompiĂšgne, il y fut rappelĂ© pour un complĂ©ment dâenquĂȘte et aprĂšs avoir Ă©tĂ© convaincu dâavoir participĂ© Ă des sabotages â ce qui Ă©tait le cas â, il fut exĂ©cutĂ© dans les fossĂ©s de la citadelle dâArras en fĂ©vrier 1944. Faut-il ajouter quâaprĂšs le DĂ©barquement, tout rĂ©sistant pris les armes Ă la main Ă©tait passible de lâexĂ©cution immĂ©diate. On estime gĂ©nĂ©ralement Ă prĂšs de 80 000 le nombre des dĂ©portĂ©s de France, non raciaux. Avant tout, des actifs dâĂąge mĂ»r, avec une surreprĂ©sentation des ouvriers de lâindustrie, en grande majoritĂ© de nationalitĂ© française, et avec une surreprĂ©sentation dâĂ©trangers europĂ©ens, notamment espagnols. On sait encore que 40 % de ces dĂ©portĂ©s non raciaux ne reviendront pas des camps. On notera enfin quâĂ peu prĂšs le quart de ces dĂ©portĂ©s de France nâĂ©taient pas des rĂ©sistants. En effet, en 1943 et 1944, lâoccupant va dĂ©porter des condamnĂ©s de droit commun. Mais surtout lâoccupant arrĂȘtait des rĂ©sistants dĂ©terminĂ©s et en profitait pour rafler des hommes, pourtant non engagĂ©s politiquement et envoyĂ©s en camp de concentration. Ainsi, lors des PĂąques rouges » qui eurent lieu en 1944 Ă Saint-Claude dans le Jura, 56 personnes arrĂȘtĂ©es furent fusillĂ©es et 186 dĂ©portĂ©es, dont on estime que la moitiĂ© nâavait pas le moindre lien avec la RĂ©sistance. Câest que la stratĂ©gie concentrationnaire nazie avait Ă©voluĂ© relativement, je dis bien Ă©voluĂ©, mais nâavait pas Ă©tĂ© modifiĂ©e fondamentalement. Je vais terminer cette communication volontairement brĂšve en disant quelques mots sur le systĂšme concentrationnaire, avant de passer la parole Ă Michel FabrĂ©guet. Lâinternement dans les camps de concentration je ne parlerai pas des camps dâextermination est consubstantiel au rĂ©gime nazi, puisque, on le sait, dĂšs 1933 sont ouverts les deux premiers camps pour y interner les opposants au rĂ©gime, les opposants confessionnels, et des droits communs. Cet internement Ă©tait justifiĂ© pour des raisons de sĂ©curitĂ© politique et se voulait Ă la fois prĂ©ventif et Ă©ducatif. Son but rĂ©el Ă©tait de casser par tous les moyens les opposants ou classĂ©s comme tels. Depuis 1936, ces camps Ă©taient placĂ©s sous la fĂ©rule de la SS. Avec la guerre, se met en place, le plus souvent Ă lâintĂ©rieur du Reich, tout un systĂšme concentrationnaire avec son organisation propre, perverse, car les dĂ©tenus HĂ€ftlinge Ă©taient contraints de participer Ă la mise en Ćuvre de ce systĂšme. La dĂ©portation Ă©tant alors Ă©tendue Ă lâensemble de lâEurope occupĂ©e. A noter quâavant mĂȘme la guerre, Ă compter de 1937, une partie des dĂ©tenus est utilisĂ©e par des entreprises SS, regroupĂ©es pour lâexploitation des carriĂšres, des sabliĂšres, etc. Jusquâen 1942, les nazis vont laisser crever de faim, au sens littĂ©ral du terme, aussi bien les prisonniers soviĂ©tiques que les dĂ©portĂ©s fraĂźchement arrivĂ©s â surtout les dĂ©portĂ©s politiques â qui furent vouĂ©s Ă une mort rapide. Mais lâĂ©chec de la Wehrmacht devant Moscou et lâimprobabilitĂ© dâune victoire programmĂ©e amĂšnent une partie de lâappareil nazi avec Fritz Todt Ă se poser le problĂšme de la continuitĂ© de la guerre, en termes Ă©conomiques et en termes de main dâĆuvre. Câest pourquoi, dans lâhiver 1941, avec la mise en Ćuvre du travail Ă lâintĂ©rieur des camps, avec une rĂ©partition dans diffĂ©rents Kommandos, et en mĂȘme temps Ă lâintĂ©rieur de la SS, intervient une nouvelle rĂ©partition des tĂąches, sous lâimpulsion dâOswald Pohl, et la WVHA, lâorgane administratif de la SS, est chargĂ© de la gestion des camps, la Gestapo gardant la maĂźtrise du contrĂŽle politique. Pohl est un ancien commandant de la marine, un nazi de la premiĂšre heure ; devenu gĂ©nĂ©ral SS, il prĂ©side aux destinĂ©es de la WVHA. Depuis le premier octobre 1941, il est devenu responsable du travail des dĂ©tenus dĂ©portĂ©s dans les camps et son rĂŽle ne va pas cesser de croĂźtre. Le 30 novembre 1942, il expose Ă Himmler avec une trĂšs grande nettetĂ© la nĂ©cessitĂ© dâune inflexion dans lâutilisation des dĂ©tenus. Il dĂ©clare dans un mĂ©morandum lâinternement des prisonniers pour les seules raisons de sĂ©curitĂ©, dâĂ©ducation et de prĂ©vention nâest plus la condition essentielle. Lâaccent est Ă porter maintenant du cĂŽtĂ© Ă©conomique. Ce qui est maintenant au premier plan et devient de plus en plus important, câest la mobilisation de tous les prisonniers capables de travailler. De cette donnĂ©e, rĂ©sulte la nĂ©cessitĂ© de prendre certaines mesures ayant pour but de transformer les camps de concentration en organisations mieux adaptĂ©es aux tĂąches Ă©conomiques, alors quâils ne prĂ©sentaient quâun intĂ©rĂȘt purement politique ». Traiter du travail concentrationnaire est malaisĂ© et mon voisin va sây exercer mieux que moi. Personnellement, je nâai pas assez de donnĂ©es pour prĂ©senter Ă cet Ă©gard un tableau suffisamment rigoureux. On peut nĂ©anmoins supposer que cette mise au travail des dĂ©tenus allait prendre une grande ampleur, soit quâelle soit rĂ©alisĂ©e dans des Kommandos Ă demeure, soit dans des Kommandos prĂȘtĂ©s » Ă des entreprises privĂ©es, par exemple IG-Farben ou encore Krupp, Ă Essen, Ă la fin de lâĂ©tĂ© 1942 50 000 travailleurs Ă©trangers, 18 000 prisonniers de guerre et 5 000 dĂ©portĂ©s. Ces Kommandos prĂȘtĂ©s versaient une contrepartie monĂ©taire Ă la SS. A cause du manque de main dâĆuvre allemande, qui ne cessait de croĂźtre car le Front russe engloutissait les hommes, de plus en plus, et aussi parce que la mobilisation totale appelĂ©e de ses vĆux par Goebbels dans son discours bien connu de fĂ©vrier 1943, allait pour le moins Ă lâĂ©chec. Il fallait maintenant rafler des hommes dans toute lâEurope. Ce sera lâĆuvre de Fritz Sauckel et la mise en Ćuvre de ce que lâon a appelĂ© le STO en France. Au point que le Reich, acculĂ©, nâhĂ©sitera plus â ce qui Ă©tait interdit jusquâĂ la fin de 1942 â Ă affecter des dĂ©portĂ©s dans les usines stratĂ©giques, notamment Ă comprend quâen 1943 lâoccupant ait procĂ©dĂ© Ă des rafles un peu partout, pour grossir les rangs de ces dĂ©portĂ©s forçats qui nâavaient pas forcĂ©ment de lien avec la est difficile de fournir des chiffres prĂ©cis. On peut dire que des milliers de dĂ©portĂ©s ont Ă©tĂ© soumis au travail comme lâavait dĂ©sirĂ© Pohl en 1942. On peut Ă©galement, semble-t-il, sinon poser, du moins Ă©tablir un relatif distinguo entre le travail accompli par les dĂ©portĂ©s prĂȘtĂ©s Ă des firmes privĂ©es, oĂč lâon tenait un peu plus compte de leurs compĂ©tences et oĂč les dĂ©portĂ©s avaient un peu plus de chance de survie, et les Kommandos fonctionnant en circuit fermĂ© ou ceux qui travaillaient pour la mise en Ćuvre des armes stratĂ©giques, oĂč primaient alors sur la productivitĂ© lâidĂ©ologie nazie et sa violence meurtriĂšre. On pourrait dire schĂ©matiquement quâĂ ce moment-lĂ Himmler lâa emportĂ© sur Speer. Et puis on se souviendra que, dans le memorandum citĂ©, Pohl avait bien mis les points sur les i le commandant du camp est seul responsable de lâemploi de la main dâĆuvre disponible. Cet emploi doit ĂȘtre total, au sens propre du terme afin dâobtenir le rendement maximum ». Les journĂ©es de travail Ă©tant au minimum de 12 heures. La sous-nutrition Ă©tant ce quâelle Ă©tait, la perversitĂ© du systĂšme concentrationnaire Ă©tant ce quâelle Ă©tait, on ne sâĂ©tonnera pas quâon ait pu Ă©crire que les dĂ©portĂ©s aient pu ĂȘtre soumis de fait Ă une extermination par le travail. Jean-Pierre AzĂ©ma, professeur Ă©mĂ©rite Ă lâInstitut dâĂtudes Politiques de Paris â haut de page â âșMAUTHAUSEN, ENTREPRISE CONCENTRATIONNAIRE. FONCTIONNEMENT ET ECONOMIE INTERNE Le travail a progressivement acquis plusieurs fonctions Ă lâintĂ©rieur des camps de concentration. DĂšs lâorigine, la construction des camps et les charges affĂ©rentes Ă lâentretien de la vie quotidienne dans le cadre des Kommandos intĂ©rieurs incombĂšrent par prioritĂ© aux dĂ©tenus eux-mĂȘmes. Le travail inutile », contrainte rĂ©pressive et dĂ©primante pour les dĂ©tenus dĂ©pourvue de toute valeur Ă©conomique, qui visait avant tout Ă dĂ©tourner ceux-ci de toute tentative de fuite ou de tout projet de rĂ©volte, apparut Ă©galement dans les premiers camps sauvages » des annĂ©es 1933/1934. Mais Ă partir des annĂ©es 1937/1938, la SS conçut le projet dâexploiter pour son propre compte la main-dâĆuvre concentrationnaire de maniĂšre plus rentable il fallait en effet produire en abondance des matĂ©riaux pour la rĂ©novation architecturale des capitales rĂ©gionales du Reich, sur le modĂšle de Berlin Germania, mais Ă©galement accumuler des ressources dans la perspective de la conquĂȘte et de la mise en valeur du Lebensraum, grande mission idĂ©ologique qui devait ĂȘtre avant tout lâapanage des hommes du ReichsfĂŒhrer-SS. Les nouvelles ambitions des SS influencĂšrent donc, Ă la fin des annĂ©es 1930, lâhistoire de la deuxiĂšme gĂ©nĂ©ration des camps de concentration, dans la fondation desquels des considĂ©rations Ă©conomiques vinrent interfĂ©rer avec laspect rĂ©pressif qui demeurait cependant toujours prĂ©pondĂ©rant. Câest ainsi que le choix du site du camp de Mauthausen, ouvert dans lâOberdonau Ă lâĂ©tĂ© 1938, fut dĂ©terminĂ© par la proximitĂ© immĂ©diate de la carriĂšre du Wiener Graben dont la SS reprenait dans le mĂȘme temps lâexploitation Ă son compte. Cette inflexion sensible de la nature du systĂšme concentrationnaire marqua le dĂ©but dâun processus dâĂ©conomisation », qui se poursuit et sâamplifia avec la mise en place de la mobilisation des dĂ©tenus pour le travail forcĂ©, lâArbeitseinsatz selon un terme empruntĂ© au vocabulaire militaire, au cours des annĂ©es 1940-1941 puis surtout au printemps 1942 avec lâintĂ©gration de lâInspection des camps de concentration dans le SS-WVHA et la tentative, demeurĂ©e inaboutie, dâOswald Pohl de transmettre aux commandants des camps la direction des entreprises Ă©conomiques SS qui dĂ©pendaient de leur ressort. On assista alors Ă la transformation dâun systĂšme jusquâalors essentiellement rĂ©pressif en un systĂšme oĂč rĂ©pression et travail forcĂ© coexistĂšrent, non sans vives tensions et non sans fortes contradictions, ce qui impliqua alors la mobilisation des concentrationnaires aux cĂŽtĂ©s des prisonniers de guerre, des travailleurs de lâest et des requis du service du travail au profit de lâeffort de guerre du Reich. Jusquâen 1942, les dĂ©tenus du camp de Mauthausen qui nâĂ©taient pas affectĂ©s dans les services administratifs ou dans les Kommandos intĂ©rieurs qui subvenaient aux besoins de la vie quotidienne furent essentiellement mobilisĂ©s par la SociĂ©tĂ© des Terres et Pierres Allemandes, la DEST, qui exploitait la carriĂšre du Wiener Graben puis, Ă partir de 1940, les deux carriĂšres voisines de Gusen et de Kastenhof. Les archives de la DEST font Ă©tat de la croissance rĂ©guliĂšre des investissements et des profits annuels de lâentreprise de granit de Mauthausen, ces derniers Ă©tant Ă©valuĂ©s Ă 135 479 RM au 31 dĂ©cembre 1939, Ă 83 100 RM au 31 dĂ©cembre 1940 et Ă 185 200 RM au 31 dĂ©cembre 1941. Ces bilans comptables accompagnent le constat de la croissance rĂ©guliĂšre du nombre des dĂ©tenus mobilisĂ©s, estimĂ© selon une moyenne annuelle Ă 3 429 en 1941, ainsi que la croissance rĂ©guliĂšre du volume de la production de pierres de taille, des pavĂ©s et des cailloutis. Mais lâapparente bonne santĂ© Ă©conomique de la DEST dissimulait en rĂ©alitĂ© un systĂšme incohĂ©rent, fondĂ© sur la gabegie. La mobilisation des dĂ©tenus dans les carriĂšres sâeffectuait en lâabsence de toute valorisation de lâexpĂ©rience professionnelle, les compĂ©tences des dĂ©tenus nâĂ©tant pas prises en considĂ©ration lors de la formation chaotique des Ă©quipes de travail. Les dĂ©tenus Ă©taient soumis dans les carriĂšres Ă des charges de travail Ă©puisantes alors que la sous-alimentation ne permettait pas de reconstituer leur force de travail. Ils ne pouvaient donc, pour tenter de survivre, que sâefforcer de mĂ©nager leurs dĂ©penses dâĂ©nergie, en adoptant le rythme de travail le moins Ă©levĂ© possible, en fonction de la coercition que les Kapos exerçaient sur eux. Le spectacle des violences sanguinaires dont les carriĂšres Ă©taient quotidiennement le théùtre nâincitait pas non plus les dĂ©tenus Ă accroĂźtre leur rendement du travail. De maniĂšre dĂ©libĂ©rĂ©e, le facteur quantitatif, le grand nombre de dĂ©tenus mobilisĂ©s dans les carriĂšres, venait compenser la faiblesse qualitative de la productivitĂ© au travail. Ce trait dâarriĂ©ration Ă©conomique Ă©tait rendu possible par le faible coĂ»t de la main-dâĆuvre concentrationnaire, puisque jusquâĂ la fin de lâannĂ©e 1942, la DEST ne devait verser au Reich, propriĂ©taire des dĂ©tenus, que 0,30 RM par dĂ©tenu et par jour, soit Ă peu prĂšs lâĂ©quivalent de 3 de nos actuels euros. Le faible coĂ»t de la location de la main-dâĆuvre, en lâabsence de toute charge sociale, permit donc Ă la DEST de dĂ©gager des profits Ă partir de mĂ©thodes dâexploitation pourtant extrĂȘmement rudimentaires et archaĂŻques, et ce en pure perte car les bĂ©nĂ©fices retirĂ©s de lâexploitation des carriĂšres de granit furent engloutis dans le lourd dĂ©ficit creusĂ© par la gestion calamiteuse des briqueteries. Le systĂšme du travail forcĂ©, au service des travaux de la paix future » se caractĂ©risait donc par son archaĂŻsme et son absence de toute vĂ©ritable rationalitĂ©. Albert Speer, devenu ministre du Reich de lâArmement au mois de fĂ©vrier 1942 en Ă©tait dâailleurs tout Ă fait conscient il sâefforça ainsi, avec succĂšs, de limiter Ă partir de 1943 le dĂ©veloppement de lâexploitation des carriĂšres de granit et des briqueteries de la DEST, dĂ©marche qui partait dâune volontĂ© de rationalisation de lâorganisation du travail allemand dans le cadre de la guerre totale, sans que le souci de lâamĂ©lioration du sort des dĂ©tenus ne soit en aucune façon pris en considĂ©ration dans cette rĂ©orientation. Mais le dĂ©veloppement du travail forcĂ© contribua par ailleurs Ă une meilleure insertion du camp de concentration dans son environnement social en favorisant lâinstauration dâune forme dâaccommodation entre les gardiens SS et la population civile. La population de Mauthausen et des communes environnantes Ă©tait en effet, Ă lâorigine, trĂšs majoritaire hostile Ă lâouverture du camp, mĂȘme si elle nâavait pas eu la possibilitĂ© de faire valoir clairement son opposition Ă lâencontre dâune dĂ©cision qui lui avait Ă©tĂ© imposĂ©e sans mĂ©nagement par un pouvoir dictatorial, dont la propagande se prĂ©valait au contraire de lâadhĂ©sion enthousiaste des populations de lâOberdonau. Lâinconduite de nombreux gardiens SS Ă lâĂ©gard des dĂ©tenus comme parfois aussi Ă lâĂ©gard des civils, et le spectacle des violences concentrationnaires qui ne pouvaient pas rester toujours dissimulĂ©es au regard de la population civile Ă lâintĂ©rieur comme Ă lâextĂ©rieur de lâenceinte concentrationnaire, avaient ajoutĂ© Ă cette hostilitĂ©. Cependant, la population des communes de Mauthausen, de Sankt Georgen an der Gusen, de Lungitz, de Perg, de Gunskirchen ou encore de Linz constitua rapidement la premiĂšre catĂ©gorie de clients de la DEST, en fonction du volume des achats, alors que les collectivitĂ©s locales ou rĂ©gionales de lâOberdonau constituĂšrent tout naturellement la deuxiĂšme catĂ©gorie de clients de la DEST. De surcroĂźt, la relance de lâexploitation des carriĂšres de granit de la rĂ©gion de Mauthausen permit aussi de crĂ©er de nouveaux emplois civils dâouvriers et de contremaĂźtres qui bĂ©nĂ©ficiĂšrent prioritairement Ă la population active locale, alors que la construction du camp avait Ă©galement profitĂ© aux artisans et aux commerçants autochtones. Les avantages matĂ©riels que la population civile des environs du camp, en fait Ă lâĂ©chelle dâune grande partie de lâOberdonau, put ainsi retirer du dĂ©veloppement du travail forcĂ© Ă lâintĂ©rieur du camp de Mauthausen permit, en partie, de dĂ©sarmer les tensions entre les SS et la population locale, en instaurant une connivence tacite entre eux fondĂ©e sur le partage des bĂ©nĂ©fices de lâArbeitseinsatz. Michel FabrĂ©guet, professeur Ă lâUniversitĂ© de Strasbourg â haut de page â âșLES INDUSTRIELS AUTRICHIENS ET MAUTHAUSEN Vous me permettrez de commencer par quelques mots trĂšs personnels. Quand jâai reçu, il y a deux ans, lâinvitation pour votre congrĂšs Ă Toulouse, jâai dâabord pensĂ© Ă une erreur. Bien que jâaie travaillĂ© plusieurs annĂ©es sur lâhistoire du camp de Mauthausen, bien que je connaisse suffisamment les archives et apporte ma contribution au ComitĂ© International de Mauthausen depuis quelques annĂ©es, le simple fait quâun Autrichien eĂ»t la possibilitĂ© de prendre la parole au congrĂšs de lâAmicale française Ă©tait pour moi extraordinaire. Et avoir la possibilitĂ© dâune intervention avec mon français insuffisant, dans cet Ă©tat dâincertitude et de nervositĂ©, câĂ©tait aussi une expĂ©rience extraordinaire. Mais vous mâavez accueilli Ă Toulouse avec une telle gĂ©nĂ©rositĂ© et si chaleureusement que ces insuffisances Ă©taient sans fondement. Je suis trĂšs heureux dâavoir une deuxiĂšme fois la possibilitĂ© de mâadresser Ă vous. La derniĂšre fois, ma rĂ©flexion portait sur la relation entre la jeunesse autrichienne et le camp de Mauthausen â un thĂšme un peu philosophique. Aujourdâhui jâai choisi un thĂšme historique. JâĂ©voquerai successivement la situation industrielle de lâAutriche avant lâannexion en 1938 par lâAllemagne ; les changements dans lâindustrie autrichienne immĂ©diatement aprĂšs lâannexion ; le dĂ©veloppement industriel pendant la guerre et, Ă travers deux exemples, la relation entre les industriels autrichiens et le camp de Mauthausen. Je citerai dâabord une lĂ©gende autrichienne â on pourrait dire un mythe â qui Ă©merge dans des discussions sur la valeur du national-socialisme. On dit bien sĂ»r, tous les crimes nazis comme les camps de concentration Ă©taient une erreur ou une faute, mais les nazis ont dĂ©veloppĂ© lâĂ©conomie autrichienne, ils ont Ă©vitĂ© le chĂŽmage Ă lâAutriche. On parle des autoroutes, on parle des usines nouvelles et des industries et on parle des stations Ă©lectriques. En Autriche, on parle des hĂ©ros de Kaprun », câest-Ă -dire de la construction hĂ©roĂŻque de cette centrale dans la montagne de Salzburg aprĂšs la guerre, symbolisant la volontĂ© de la population de reconstruire une nouvelle Autriche. On ne parle pas des travailleurs forcĂ©s ni des dĂ©tenus du camp de Dachau qui y ont travaillĂ© pendant la guerre, ont prĂ©parĂ© la construction et ont effectuĂ© tous les travaux dangereux. Ce clichĂ© des hĂ©ros de Kaprun » rĂ©sume tout mon propos on parle des autoroutes et des industries, mais on nĂ©glige le prix du travail forcĂ©, on nĂ©glige la contribution des dĂ©tenus des camps. Je veux montrer en quelques esquisses que cette opinion rĂ©pandue est contraire aux faits. La situation industrielle en Autriche avant lâannexion Lâopinion commune en Autriche dĂ©finit la situation Ă©conomique et industrielle avant lâAnschluss comme plus mauvaise que ne le montre lâanalyse. Il est vrai que la crise Ă©conomique mondiale avait eu aussi des effets sur lâĂ©conomie autrichienne le chĂŽmage Ă©tait Ă©norme, lâindustrie Ă©tait vieillie et les exportations rĂ©duites. En tout cas, beaucoup des ces phĂ©nomĂšnes furent le rĂ©sultat direct de la politique allemande par laquelle les nazis ont essayĂ© de contrĂŽler lâĂ©conomie autrichienne pour soutenir ou protĂ©ger lâĂ©conomie deuxiĂšme cause est contenue dans la politique Ă©conomique du gouvernement austro-fasciste ou clĂ©rical-fasciste lui-mĂȘme les hommes au pouvoir nâont eu aucun intĂ©rĂȘt Ă lâindustrie moderne ou Ă une modernisation de la sociĂ©tĂ©. Lâagriculture, qui employait la moitiĂ© de la population, Ă©tait leur vision de la sociĂ©tĂ©. Tous les projets contre le chĂŽmage avant la guerre concernaient les manĆuvres par exemple les routes alpines vers le Grossglockner. Comme il nây avait pas eu de dĂ©veloppement industriel depuis une dĂ©cennie â depuis le vendredi noir â, lâindustrie autrichienne Ă©tait trop petite, vieillie et sans doute incapable dâune production significative. Mais la situation monĂ©taire en Autriche nâĂ©tait pas si mauvaise. Les rĂ©serves dâor et de devises Ă©taient trois fois les rĂ©serves allemandes et la monnaie Ă©tait trĂšs stable. Autres ressources le minerai de fer, un grand potentiel de travailleurs et des possibilitĂ©s de construire des centrales Ă©lectriques. Ces ressources et ces potentiels, combinĂ©s avec le vieillissement de lâindustrie, furent aussi une cause de lâaviditĂ© allemande qui a conduit Ă lâannexion en 1938 lâAutriche Ă©tait indispensable pour les industries dâarmement allemandes. En outre, nombreux parmi les industriels autrichiens Ă©taient des juifs, et les nazis Ă©taient avides de ce butin. Les changements immĂ©diatement aprĂšs lâannexion Quelques jours seulement aprĂšs lâannexion, les changements sociaux et Ă©conomiques ont commencĂ©. Les nazis avaient prĂ©parĂ© des plans prĂ©cis pour la spoliation des juifs, pour lâintĂ©gration Ă©conomique et pour la dĂ©prĂ©dation des ressources. Toutes les industries existantes ont Ă©tĂ© analysĂ©es sous lâaspect de lâarmement, et les Allemands ont commencĂ© immĂ©diatement Ă Ă©tablir de nouvelles usines, Ă©normes, sans respecter la structure Ă©conomique locale ou rĂ©gionale. Ces nouvelles industries Ă©taient toutes intĂ©grĂ©es Ă des structures plus importantes ainsi la fondation des Reichswerke Hermann Göring, vaste complexe dâarmement comprenant la production de fer et dâacier et intĂ©grant aussi des industries comme la Zellwolle Lenzing AG pour produire de la cellulose ou bien la Steyr-Daimler-Puch AG pour des vĂ©hicules et des armes. Toute lâindustrie autrichienne Ă©tait intĂ©grĂ©e dans le plan quadriennal prĂ©sidĂ© par Hermann Göring lui-mĂȘme. Cette intĂ©gration eut aussi des consĂ©quences sur les industriels autrichiens. AprĂšs lâexpropriation des industriels juifs, les dirigeants provisoires autrichiens ont Ă©tĂ© remplacĂ©s par des Allemands ; une minoritĂ© seulement dâAutrichiens ont eu la possibilitĂ© de conserver leurs positions dans lâindustrie. Et comme toute lâindustrie importante Ă©tait intĂ©grĂ©e au plan quadriennal, le rĂŽle traditionnel dâun industriel disparut peu Ă peu. Les nouveaux industriels Ă©taient des hommes trĂšs proches de lâEtat et du parti nazi, attachĂ©s seulement aux rĂ©sultats dĂ©finis par le rĂ©gime. Dans ces conditions, le dĂ©veloppement industriel fut indĂ©niable le nombre des travailleurs dâindustrie dans la rĂ©gion de Haute-Autriche par exemple a doublĂ©, lâindustrie du bĂątiment a beaucoup prospĂ©rĂ© â un des rĂ©sultats fut la fondation du camp de Mauthausen en aoĂ»t 1938 et la renaissance de lâextraction de la pierre dans cette rĂ©gion. Le dĂ©veloppement industriel pendant la guerre On ne doit pas regarder, encore moins admirer comme le font beaucoup dâAutrichiens ce dĂ©veloppement Ă©conomique sans en voir le revers. Tous les plans quadriennaux impliquaient lâimminence de la guerre, tous les investissements supposaient que les nazis la gagneraient, sans rembourser les crĂ©dits et considĂ©rant comme acquis les biens volĂ©s aux outre, lâindustrialisation Ă©tait, depuis 1941, impossible sans le travail forcĂ©, sans les dĂ©tenus du camp de concentration. Comme les avions alliĂ©s ont pu atteindre rĂ©guliĂšrement les cibles industrielles en Allemagne Ă partir de 1941, beaucoup des usines dâarmement ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©es dans les montagnes autrichiennes. Si on regarde la liste des nouvelles industries créées pendant la guerre et jusquâen 1943, on trouve beaucoup dâindustries liĂ©es Ă des camps satellites de Mauthausen Wiener Neustadt, Schwechat, Steyr, etc.. Et comme les avions alliĂ©s ont atteint aussi lâAutriche Ă partir de septembre 1943, les nazis ont commencĂ© Ă installer des usines souterraines â les camps satellites de Melk, Ebensee, Peggau, Leibnitz, Gusen II datent de cette pĂ©riode. Les pertes de soldats dans la guerre â câĂ©tait aussi une perte de travailleurs pour lâindustrie â allaient ĂȘtre compensĂ©es par des travailleurs forcĂ©s, soit ordinaires », soit des dĂ©tenus de Mauthausen. Ă la fin de la guerre, plus que 35 % des employĂ©s Ă©taient des Ă©trangers, travailleurs forcĂ©s, prisonniers de guerre et dĂ©tenus du camp. Beaucoup des travailleurs forcĂ©s ordinaires » ont Ă©tĂ© employĂ©s dans les fermes, mais ils furent nombreux aussi dans les usines dâarmement. Pour les travaux les plus dangereux, les plus nocifs et les plus durs, les industriels ont rĂ©clamĂ© des dĂ©tenus du camp. La relation entre les industriels et le camp de Mauthausen Toutefois, il me semble nĂ©cessaire de souligner que le travail forcĂ© des dĂ©tenus du camp ne fut pas un effet de la guerre les nazis ont programmĂ© le travail dâesclaves dĂšs lâouverture des camps. Jusquâen 1942, la majoritĂ© des dĂ©tenus des camps de concentration Ă©tait affectĂ©e Ă des travaux dans les entreprises SS, soit les carriĂšres Ă Mauthausen et Gusen ou les briqueteries Ă Neuengamme ou Sachsenhausen. Toutes les entreprises SS comme la DEST se caractĂ©risaient par un extraordinaire dilettantisme Ă©conomique une exploitation des dĂ©tenus telle quâelle aboutissait Ă des chiffres de dĂ©cĂšs Ă©normes. Ce dilettantisme et les intrigues entre les diverses administrations SS empĂȘchaient le dĂ©veloppement Ă©conomique dĂ©sirĂ© â bien que le travail dâesclave fĂ»t accru chaque annĂ©e. Ă partir de 1943, comme les industries dâarmement avaient un besoin plus pressant de travailleurs et que les ressources humaines manquaient, la fonction du camp de Mauthausen a changĂ© le camp devenait un rĂ©servoir de travailleurs pour les industries de guerre et, en 1944, aussi pour la construction des usines souterraines. JusquâĂ cette pĂ©riode, les contacts entre les industriels et le camp, notamment lâadministration pour le Arbeitseinsatz et le commandant Ziereis lui-mĂȘme, avaient Ă©tĂ© trĂšs rares et limitĂ©s. Premier exemple Reichswerke Hermann Göring et le directeur Paul Pleiger DĂšs 1941, la Steyr-Daimler-Puch AG une filiale des Reichswerke Hermann Göring a demandĂ© des dĂ©tenus de Mauthausen pour la construction dâune usine dâaviation Ă Steyr â cette relation entre le camp et les Steyr-Werke, reprĂ©sentĂ©s par le directeur Georg Meindl, a persistĂ© jusquâĂ la fin de la guerre. Jusquâen 1943, les Reichswerke Hermann Göring Ă©taient les seules industries autorisĂ©es Ă demander des dĂ©tenus de Mauthausen. En 1942, le chef des Reichswerke, Paul Pleiger, proposait Ă la SS de fonder en commun une usine Ă Linz, pour y Ă©tablir une production des briques de laitier en usant le travail esclave des dĂ©tenus de Mauthausen. De cette proposition, dĂ©coule la crĂ©ation du camp satellite de Linz-I. Toutes les fonctions et aussi les profits de cette nouvelle entreprise Ă©taient partagĂ©s Ă Ă©galitĂ© entre les Reichswerke et la DEST, câest-Ă -dire la SS. Six jours aprĂšs lâoffre, il y eut une rencontre entre Pleiger et Oswald Pohl, le chef de lâOffice central de lâadministration et de lâĂ©conomie SS WVHA â cette rapiditĂ© indiquant les relations extraordinaires qui existaient entre eux. Câest le commandant mĂȘme, Franz Ziereis, qui a dessinĂ© les plans pour la construction du camp satellite Ă Linz, qui a mĂȘme dĂ©cidĂ© la position exacte du nouveau camp. Comme des problĂšmes surgirent, dus Ă des divergences dâintĂ©rĂȘt, câĂ©tait Heinrich Himmler qui intervint personnellement pour que la rĂ©alisation du projet ne prĂźt pas de retard. En novembre 1942, le contrat entre les Reichswerke et la SS Ă©tait signĂ© et le camp satellite de Linz I Ă©tait fondĂ©. Le 11 janvier 1943, il fut officiellement dĂ©nommĂ© SS-Arbeitslager Linz » avec 100 dĂ©tenus de Mauthausen â ce chiffre augmenta trĂšs vite jusquâĂ atteindre 1 000 dĂ©tenus. Les conditions y Ă©taient insupportables tous les travaux sâeffectuaient en plein air, les dĂ©tenus Ă©taient forcĂ©s de dĂ©truire la coulĂ©e du laitier brĂ»lant presque sans outils adĂ©quats. Ces conditions allaient causer beaucoup dâaccidents de travail â autrement dit la mort de nombreux dĂ©tenus. DeuxiĂšme exemple Lenzing Zellwolle AG et le directeur Walter Schieber Ă Lenzing, existait avant lâannexion une usine de production de cellulose, appartenant Ă une famille juive du nom de Bunzl qui, depuis des gĂ©nĂ©rations, Ă©tait dans ce mĂ©tier du papier et de la cellulose. Le jour mĂȘme de lâannexion de lâAutriche, en 1938, cette usine fut rĂ©duite en cendres par une cause inconnue, Bunzl fut expropriĂ© et de nouveaux patrons créÚrent une filiale des Reichswerke Hermann Göring. Ă Lenzing, furent créés aprĂšs cette refondation plusieurs camps pour des travailleurs forcĂ©s, en majoritĂ© des femmes polonaises et russes. La Zellwolle AG, directeur Walter Schieber, eut Ă partir de 1943 des liens Ă©troits avec le camp de Mauthausen, pour tester une saucisse faite Ă base de dĂ©chets de cellulose les dĂ©tenus de Mauthausen soumis Ă ce rĂ©gime en sont morts. Pour assurer la production stratĂ©gique de cellulose, Walter Schieber, durant lâĂ©tĂ© 1944, rĂ©clama des dĂ©tenues â dĂ©sir vite satisfait par la SS de Mauthausen. A la fin dâoctobre 1944, les premiĂšres dĂ©tenues, des femmes venant dâAuschwitz, furent dĂ©portĂ©es dans le nouveau camp satellite Ă Lenzing. Les dĂ©tenues travaillaient trois semaines dâaffilĂ©e, aprĂšs quoi elles avaient deux journĂ©es libres. Comme toujours, les dĂ©tenues Ă©taient employĂ©es pour les travaux les plus dangereux, les plus nocifs et les plus durs. Bien que la production de cellulose ait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e en janvier 1945 par manque de moyens, il y eut encore des transports de dĂ©tenues dâAuschwitz vers Lenzing, encore des accidents et des morts. En mai, 562 femmes ont Ă©tĂ© libĂ©rĂ©es Ă Lenzing. Conclusion Walter Schieber ne fut ni condamnĂ© ni mĂȘme accusĂ©, bien que responsable du sort de milliers de travailleurs forcĂ©s et de plus de 500 dĂ©tenus de Mauthausen dans son usine. Paul Pleiger, en tant que lâun des responsables principaux des Reichswerke Hermann Göring, fut condamnĂ© Ă Nuremberg Ă 15 annĂ©es de prison. Mais, mĂȘme en prison, il garda assez dâinfluence pour dĂ©signer son successeur aux Reichswerke Hermann Göring. Ces deux industries sont aussi aujourdâhui prĂ©sentes en Autriche, toutes les deux dĂ©finies de lâavis gĂ©nĂ©ral comme miracles du redressement autrichien aprĂšs la guerre ». JusquâĂ cette derniĂšre dĂ©cennie, personne nâavait parlĂ© du travail dâesclave des dĂ©tenus ou des travailleurs forcĂ©s. Jâindiquais en commençant le mythe selon lequel les nazis ont dĂ©veloppĂ© lâĂ©conomie autrichienne, ont Ă©cartĂ© le chĂŽmage en Autriche » â on parle des autoroutes, on parle des usines nouvelles et des industries et on parle des centrales Ă©lectriques. Câest depuis dix ans quâune discussion a commencĂ© en Autriche sur la responsabilitĂ© des industriels durant la guerre. On a créé un fonds de compensation monĂ©taire pour des dĂ©tenus des camps nazis et pour les travailleurs forcĂ©s. Les industries autrichiennes ont contribuĂ© pour environ 50 %, le reste Ă©tant payĂ© par lâĂtat. Avec la crĂ©ation de ce fonds, aprĂšs avoir payĂ© la plupart des compensations », la responsabilitĂ© autrichienne semble dĂ©jĂ Ă©vacuĂ©e. MĂȘme si cette compensation monĂ©taire est importante pour certains des survivants des camps ou pour les anciens travailleurs forcĂ©s, on ne doit pas, Ă mon avis, clore la discussion sur la responsabilitĂ© dâune sociĂ©tĂ© dâun seul geste, exutoire. On doit dĂ©truire le mythe, de sorte que personne en Autriche ne trouve plus dâaspects positifs au national-socialisme, personne ne tire gloire ni argument des autoroutes sans mentionner le prix payĂ© pour ce dĂ©veloppement. En plus de la mĂ©moire, en plus de la connaissance historique, la destruction de ce mythe est notre souci actuel, en Autriche mĂȘme et en Europe. Andreas Baumgartner, historien Ă lâUniversitĂ© de Vienne Autriche â haut de page â âșHOMME OU BĂTE LES RĂFLEXIONS SUR LE STATUT DE DĂPORTĂ DANS LE RĂCIT CONCENTRATIONNAIRE Vers la fin de La derniĂšre forteresse, roman sur Mauthausen de Pierre Daix, publiĂ© en 1950, le personnage principal, AndrĂ©, propose une dĂ©finition du hĂ©ros Je crois quâun hĂ©ros, câest un homme qui a bien fait son boulot dâhomme, quand ça nâĂ©tait pas simple de le faire »1. Cet emploi mĂ©taphorique du terme de boulot met en parallĂšle le travail corporel et lâeffort moral dâagir dans les limites dâune idĂ©e de lâhomme, hĂ©ritĂ©e de la tradition millĂ©naire de lâhumanisme europĂ©en. Mais comment bien faire un boulot, si les conditions de travail ne le permettent pas ? Et comment vivre selon les normes humanistes, si les conditions de vie sont profondĂ©ment inhumaines ? Le travail concentrationnaire, qui est au centre du congrĂšs 2007 de lâAmicale de Mauthausen, nâest, dans cette perspective, quâun Ă©lĂ©ment de plus pour mettre Ă lâĂ©preuve lâhumanitĂ© des dĂ©portĂ©s. Ce qui mâintĂ©resse, dans cette communication, câest la rĂ©flexion sur cette mise Ă lâĂ©preuve dans les textes mĂȘmes des survivants. En cela, mon approche se distingue de lâabstraction des discours philosophiques ou politiques qui discutent le problĂšme de la condition humaine dans les camps, en privilĂ©giant telle ou telle catĂ©gorie de dĂ©portĂ©s les juifs, les rĂ©sistants, les femmes, les musulmans etc. Et elle se distingue aussi de lâĂ©litarisme de la critique littĂ©raire qui ne prend en considĂ©ration que les textes canoniques des grands auteurs tels que Wiesel, Levi, Semprun ou KĂ©rtesz. AprĂšs plusieurs annĂ©es de recherches sur les Ă©crits des survivants de Mauthausen, je suis de plus en plus convaincu de lâimmense valeur des tĂ©moignages, si nous voulons maintenir, dans un futur sans tĂ©moins, une mĂ©moire vive â non sommaire, mais circonstanciĂ©e et diffĂ©renciĂ©e â de lâexpĂ©rience concentrationnaire. Lâavantage de lâĂ©crit, dans lâacte de tĂ©moigner, est quâil demande du temps Ă lâauteur et au lecteur â le temps de la rĂ©flexion. Pour le dire avec Roger Gouffault LâĂ©crit reste. LâĂ©crit est une trace, tandis que les paroles sâenvolent. Le livre, qui est un Ă©crit long, permet de prendre le temps. DĂ©montrer la progression, lâĂ©volution des choses. Et donc de les comprendre ».2 Afin de comprendre le boulot dâhomme » du dĂ©portĂ©, il faut rĂ©flĂ©chir au boulot de bĂȘte » quâon lui inflige. La mĂ©tamorphose de lâhomme en bĂȘte se fait au moment de lâarrivĂ©e au camp, vĂ©ritable rite de passage, soigneusement mis en scĂšne par les nazis lâattente interminable sur la place dâappel, sous le soleil ou dans la neige, lâabandon des bagages, la perte des objets personnels, le dĂ©shabillage, le rasage de la tĂȘte aux pieds, la dĂ©sinfection, la douche, la distribution de vĂȘtements et de galoches, encore une fois lâattente et, finalement, lâadmission aux baraques de quarantaine. En lisant les tĂ©moignages, on sâaperçoit du dĂ©sarroi des nouveaux venus qui, au bout de quelques heures, ne se reconnaissent plus, ni comme individus ni comme ĂȘtres humains. VoilĂ comment Suzanne Wilborts, libĂ©rĂ©e Ă Mauthausen, dĂ©crit lâaspect de ses compagnes aprĂšs lâimmatriculation Ă RavensbrĂŒck Elles sortent de lĂ , transformĂ©es, avec de pauvres robes en loques, les pieds nus, les cheveux trempĂ©s, pendant lamentablement. Elles marchent comme des canards, en traĂźnant leurs semelles de bois. Un groupe est complĂštement passĂ© Ă la tondeuse, elles sont affreuses »3. On comprend que lâauteur, en 1946, se trouve toujours sous le choc des Ă©vĂ©nements. Mais Paul Le CaĂ«r, cinquante ans aprĂšs, ne rĂ©ussit pas encore Ă tenir Ă distance ses souvenirs traumatisants Douche, dĂ©sinfection, câest terminĂ©. Vous nâĂȘtes plus un homme mais un numĂ©ro qui deviendra bientĂŽt un sous-homme ou un morceau StĂŒck. Ce passage dans les baraques ou blocs de quarantaine a pour but la dĂ©shumanisation des hommes, chacun dâeux doit perdre sa personnalitĂ©, son identitĂ©, pour devenir un fauve numĂ©rotĂ© parmi les bĂȘtes, se battant pour manger plus que son voisin »4. Le CaĂ«r revit au prĂ©sent les dĂ©tails humiliants de lâaccueil Ă Mauthausen, avant dâexpliquer Ă tĂȘte reposĂ©e le but de lâopĂ©ration la dĂ©shumanisation des hommes. Fauve numĂ©rotĂ© » ou canard »âŠ, le dĂ©portĂ© ou la dĂ©portĂ©e est souvent comparĂ©, aprĂšs sa transformation en HĂ€ftling » dĂ©tenu, Ă des animaux. On ne sâĂ©tonnerait pas de trouver des comparaisons animales dans les paroles rapportĂ©es des kapos. Le fait de les rencontrer dans la voix narrative des tĂ©moignages prouve cependant quâelles correspondent Ă lâauto-perception de bien des dĂ©portĂ©s qui se souviennent dâavoir Ă©tĂ© nus comme des vers »5, dâavoir lapĂ© leur soupe, le premier jour, comme des chiens »6, de sâĂȘtre bousculĂ©s, le matin, comme des bĆufs Ă lâabreuvoir »7, de sâĂȘtre dĂ©fendus contre le froid comme un troupeau », en sâagglutinant les uns contre les autres, debout en boule » »8 ou en grappe » »9. Ă partir du moment oĂč, une fois sortis de quarantaine, les dĂ©tenus commencent Ă travailler dans les diffĂ©rents Kommandos, ils se voient souvent comme bĂȘtes de somme »10, bĂȘtes humaines »11, animaux de charge, de trait »12, bĂ©tail humain »13 ou, dans une perspective panoramique sur les lieux de travail, comme des termites »14 ou des fourmis »15. François Wetterwald compare le cortĂšge de 2 000 hommes descendant la route vers la carriĂšre de Mauthausen Ă une immense chenille ondulant au rythme du pas cadencĂ© par les capos » »16. Quelle est la fonction dâun langage qui, semble-t-il, confirme aprĂšs coup la rĂ©ussite de lâopĂ©ration de dĂ©shumanisation ? En premier lieu, il sâagit, de donner au lecteur, par les comparaisons animales, une idĂ©e approchante des conditions de vie et de travail dans un camp de concentration ou, pour ĂȘtre plus prĂ©cis, dans un camp de la mort lente. Câest ainsi que Gilbert Debrise, en distinguant deux catĂ©gories de dĂ©tenus dans un camp, celle des maĂźtres et celle des esclaves, compare les derniers, câest-Ă -dire la grande masse des dĂ©tenus, Ă des bĂȘtes, afin de mettre en Ă©vidence leur situation encore plus misĂ©rable Les esclaves sont moins que des bĂȘtes. Les bĂȘtes ont une valeur marchande. Le paysan qui les Ă©lĂšve sây intĂ©resse, les entoure de soins et dâĂ©gards. Ici les bĂȘtes humaines, quâon importe par trains entiers, reprĂ©sentent une marchandise gratuite. »17 Il me semble pourtant quâĂ lâemploi des comparaisons animales, au su et Ă lâinsu des auteurs, revient une seconde fonction. Jây vois la trace du doute que Primo Levi formule dans le titre de son premier rĂ©cit de dĂ©portation Se questo Ăš un uomo Si câest un homme. Des ĂȘtres humains traitĂ©s de bĂȘtes risquent, tĂŽt ou tard, de devenir des bĂȘtes. En gĂ©nĂ©ral, les bĂȘtes sont les autres Ce ne sont plus des femmes mais des bĂȘtes de somme, dont le temps de rendement ne dĂ©passe guĂšre six mois pour les plus solides »18. Paolo Liggeri, un prĂȘtre italien, dĂ©crit ainsi lâarrivĂ©e Ă Mauthausen dâun transport venu des camps dâextermination de lâest La place grouillant de spectres rĂ©sonne dâun bruit Ă©trange, sourd et terrible, comme une sarabande fantasmatique de squelettes mobiles [âŠ]. Et pourtant, ce sont des hommes, des hommes⊠Non, en rĂ©alitĂ© câĂ©taient des hommes. Maintenant, ils ne le sont plus, ils sont morts ; mĂȘme sâils respirent encore, ils ne sont plus des hommes. Et ils ne sont mĂȘme pas des bĂȘtes, puisque alors ils seraient mieux traitĂ©s. Qui pourrait dire ce quâils sont ? »19 Le regard jetĂ© sur les autres, ceux qui ne sont plus des hommes et moins que des bĂȘtes et quâon appelle dans beaucoup de camp des musulmans, rassure lâobservateur sur sa propre appartenance au genre humain. En mĂȘme temps, les rĂ©flexions assez frĂ©quentes sur le musulman indiquent lâangoisse de basculer un jour ou lâautre dans la catĂ©gorie des morts vivants Je suis si mal en point que, si cette situation dure, je serai bientĂŽt considĂ©rĂ© comme Muselman »20. Rares sont pourtant les auteurs qui avouent, comme Jean Degroote, leur propre dĂ©chĂ©ance Je nâen peux plus ; je nâen ai plus pour longtemps Ă vivre ; dâailleurs jâen ai assez, je nâai plus le moral, je ne veux pas mourir, je veux crever, on ne meurt pas Ă Linz, on crĂšve, comme des bĂȘtes que nous sommes tous devenus, câĂ©tait leur but, ils lâont atteint, nous sommes des bĂȘtes. »21 Si, dâune part, les survivants dĂ©crivent leur statut dans le camp comme celui de bĂȘtes, ils insistent, dâautre part, sur leur refus dâaccepter le mode dâexistence quâon leur octroie. Quelles sont les stratĂ©gies de dĂ©fense des dĂ©tenus ? Ceux qui se souviennent dâavoir ignorĂ© ou refoulĂ© lâhumiliation subie, sont une minoritĂ©. Jean Laffitte, dans Ceux qui vivent, publiĂ© en 1947, raconte que son groupe a vĂ©cu le moment de la mĂ©tamorphose » avec des Ă©clats de rire22. Cette rĂ©action souligne en rĂ©trospective la stabilitĂ© psychique des politiques qui, par leur rire, arrivent Ă bannir ce qui pourrait les traumatiser et, par lĂ mĂȘme, Ă dĂ©jouer la stratĂ©gie des nazis. La plupart des dĂ©tenus semble rĂ©agir par un mouvement psychologique qui consiste Ă sĂ©parer le moi concentrationnaire du moi vĂ©ritable, du moi authentique JâĂ©tais un Untermensch, pas mĂȘme, un animal numĂ©rotĂ© et marquĂ© Ă la tondeuse, vouĂ© Ă la destruction par la mort lente. Celui qui avait portĂ© mon nom, ma personnalitĂ© dĂ©finie, prĂ©cise, nâĂ©tait plus lĂ , dans ce camp. Il Ă©tait conservĂ© lĂ -bas, bien loin, trĂšs loin, Ă lâouest, dans le souvenir vivant des miens et de mes amis »23. Bruno Bettelheim analyse cette dissociation comme un mĂ©canisme protecteur qui permettait au dĂ©tenu de sâadapter au systĂšme concentrationnaire, sans engager son moi identitaire. Lâattitude du dĂ©tenu peut se rĂ©sumer ainsi Ce que je fais ici, ou ce qui est en train de mâarriver, ne compte absolument pas ; ici, tout est permis Ă condition que et dans la mesure oĂč ça mâaide Ă survivre »24. Bettelheim a Ă©tĂ© beaucoup critiquĂ© pour lâhypothĂšse de lâadaptation totale du dĂ©tenu au systĂšme de valeurs des camps. Ă mon avis, il a eu raison de mettre en Ă©vidence un raisonnement qui pouvait justifier les pires Ă©goĂŻsmes. Combien dâhommes dont la vie avait Ă©tĂ© jusquâalors un exemple dâhonnĂȘtetĂ© ont volĂ© le pain de leur camarade. Cela faisait partie de la dĂ©chĂ©ance morale voulue par les nazis. CâĂ©tait le dernier acte, en dehors de toute conscience, dâune vitalitĂ© qui ne voulait pas mourir »25. Le prix Ă payer pour la survie physique est, dans ces cas-lĂ , lâabandon de la personne morale. La rĂ©action contraire, Ă savoir le maintien de lâintĂ©gritĂ© morale et le refus de tout compromis, aurait rendu la survie impossible. Dâune façon ou dâune autre, il fallait donc sâadapter, tout en se mĂ©nageant un espace intĂ©rieur oĂč puiser la force dâune rĂ©sistance au systĂšme concentrationnaire. Pour la majoritĂ© non des survivants mais des dĂ©portĂ©s cet espace identitaire, fondateur de petits actes dâaffirmation de soi, de solidaritĂ© avec les autres, voire de rĂ©sistance, se rĂ©trĂ©cissait au fil des jours comme une peau de chagrin. Prenons un exemple Marie-Jo Chombart de Lauwe a vĂ©cu le moment de la mĂ©tamorphose » comme une abolition de la hiĂ©rarchie sociale les conditions sociales, classe, profession, tout cela nâexiste plus » et comme une rĂ©duction de sa propre personne Ă lâessentiel, Ă lâĂȘtre »26. Son intention de rester digne sous les coups, sous lâattente, sous lâĂ©puisement »27 sera bientĂŽt mise Ă lâĂ©preuve. Au bout de quelques semaines, elle se rend compte que les conditions dâexistence et de travail lâont transformĂ©e en bĂȘte traquĂ©e »28 Heureusement que les nĂŽtres ne nous voient pas, avec ces visages morts, ces yeux vides qui ont vu trop dâhorreur, ces traits durcis et cette misĂšre indescriptible. Jamais un ĂȘtre libre ne comprendra cette souffrance quâon est pour soi-mĂȘme se sentir sâabrutir, sâabĂȘtir, se machiniser, se vider peu Ă peu de sa vie. On ne le sent pas gĂ©nĂ©ralement, mais par moment, on a des reprises de conscience trĂšs dures »29. Ce passage prĂ©sente lâanalyse lucide dâun processus de dĂ©chĂ©ance qui transforme le soi » en lâ autre », lâĂȘtre humain en bĂȘte ou en chose, mais en mĂȘme temps il met en relief lâultime ressort de lâaffirmation de soi, Ă savoir la honte quâĂ©prouve lâindividu par rapport Ă son double concentrationnaire. Il est significatif que Chombart de Lauwe, aprĂšs lâaveu de la propre dĂ©chĂ©ance, Ă©voque une activitĂ© qui pourrait paraĂźtre sans importance Nous fabriquons de petits objets croix, croix de Lorraine, Ă©toiles, et nos numĂ©ros surmontĂ©s du triangle rouge. Ces petits objets sont les cadeaux pour les jours de fĂȘtes, des tĂ©moignages dâaffection nous ne sommes pas encore des bĂȘtes »30. Cette activitĂ© minimale illustre parfaitement la possibilitĂ© dâune reconquĂȘte de lâhumain dans un camp de concentration fabriquer en groupe des objets pour se les donner en cadeaux les jours de fĂȘtes signifie vaincre la rĂ©duction aux besoins corporels, briser lâĂ©goĂŻsme de la lutte solitaire pour la survie, surmonter lâindiffĂ©rence et sâintĂ©resser aux autres, bref sortir de lâabrutissement. Avant de passer Ă ma conclusion, je vous invite Ă jeter un regard sur lâĂ©vocation de la libĂ©ration et du retour dans quelques rĂ©cits de dĂ©portation. Au moment de la libĂ©ration, il y eut dans beaucoup de camps une chasse aux Kapos Ă 17 heures, les premiers rĂšglements de compte commencĂšrent. Le chef du block 1, puis Karl, puis Le Tzigane, puis dâautres, furent exĂ©cutĂ©s sans mĂ©nagements Ă coups de pierre, frappĂ©s, noyĂ©s, poignardĂ©s. Au total, une cinquantaine de kapos succombĂšrent le 5 mai au soir. Du sang encore du sang, des cris encore des cris. Mais ce retour de violence Ă©tait inĂ©vitable. Trop dâhorreurs avaient Ă©tĂ© commises pendant trop longtemps pour quâelles puissent ĂȘtre assimilĂ©es sans rĂ©actions »31. La plupart des auteurs français qui se souviennent de la libĂ©ration du camp dâEbensee, dĂ©taillent et justifient cette tuerie sauvage Si jâai rapportĂ© ces scĂšnes, que les Ă©motifs qualifieront dâatroces, ce nâest pas par gloriole, par sadisme rĂ©trospectif. Nous avons exĂ©cutĂ© nos ex-camarades en pleine connaissance de cause, sans erreur »32. Il nây a que lâabbĂ© Varnoux qui Ă©crit avoir gardĂ© un souvenir horrible » des rĂšglements de comptes »33. François Wetterwald, dans Les morts inutiles, rĂ©flĂ©chit longuement sur cette explosion de violence On a ouvert les ergastules. Des bĂȘtes, des bĂȘtes fĂ©roces. Les dompteurs sont partis. Les AmĂ©ricains nous ont dit solennellement Maintenant, vous ĂȘtes des hommes libres . Libres, oui, mais des hommes ? »34. Peut-on reprocher aux victimes le lynchage » de leurs oppresseurs ? On pourrait, je cite encore Wetterwald, tout juste leur en vouloir, sâil sâagissait dâhommes normaux. Le plus grand crime des a Ă©tĂ© justement de tuer dans ces hommes tout ce quâil y avait de spĂ©cifiquement humain »35. La mise Ă distance de la masse ces hommes », laisse entendre que lâauteur sâen excepte. Mais Wetterwald, se souvenant de sa propre indiffĂ©rence envers les morts dans la fosse commune, se corrige aussitĂŽt Voyez, moi non plus, je ne suis plus tout Ă fait un homme civilisĂ© »36. En effet, les survivants qui rentrent en France ne sont pas, contrairement Ă ce que dit Debrise, mĂ©decin-prisonnier avec François Wetterwald au Revier dâEbensee, des miraculĂ©s » qui Ă©mergent intacts, semblables Ă ces canards dont lâeau de la mare nâa pas mouillĂ© le plumage »37. Cette dĂ©claration sent le parti pris idĂ©ologique dâune Ă©poque qui ne voulait accepter que lâesprit pur et dur de la RĂ©sistance. En gĂ©nĂ©ral, les survivants, mĂȘme ceux qui justifient le lynchage des kapos, se rendent compte de leur perte dâhumanitĂ© Nous Ă©tions des condamnĂ©s Ă mort, non en sursis dâexĂ©cution, mais tuĂ©s un peu plus chaque jour par une organisation scientifique de la mort lente. On nous a enlevĂ© beaucoup de nous-mĂȘmes, que nous ne retrouverons jamais. Notre sensibilitĂ©, peut-ĂȘtre, ainsi que notre Ă©motivitĂ©, mais trĂšs amoindries, notre sensiblerie jamais, pas plus que lâintĂ©gralitĂ© de nos forces physiques. Hommes comme femmes, nous sommes dĂ©finitivement et profondĂ©ment marquĂ©s »38. Homme ou bĂȘte ? â La lecture de plusieurs dizaines de rĂ©cits de dĂ©portation mâa appris de prĂ©fĂ©rer, au noir et blanc, les nuances infinies de la zone grise » dont parle Primo Levi dans Les naufragĂ©s et les rescapĂ©s. Les camps » â ce sont les paroles de Hannah Arendt â Ă©taient au service non seulement de lâextermination et de lâhumiliation de lâindividu, mais aussi de lâexpĂ©rience terrible de supprimer, selon des principes scientifiquement exacts, la spontanĂ©itĂ© humaine et de transformer lâhomme en une chose qui dans les mĂȘmes conditions rĂ©pond toujours de la mĂȘme façon »39. Dans un systĂšme oĂč tout concourt Ă rabaisser lâhomme Ă lâĂ©tat de bĂȘte, lâĂȘtre humain sâaffirme par le refus dâune survie purement physique, en sâefforçant de recouvrer, au moins par moments, des comportements qui transcendent lâutilitarisme de la lutte solitaire raconter ses rĂȘves, fabriquer des objets, partager une soupe ou aider un camarade malade. Ces comportements ne suffisent peut-ĂȘtre pas pour vivre et mourir en saint nous ne sommes pas des anges entre nous, mĂȘme entre Français », Ă©crit Degroote40, mais pour bien faire son boulot dâhomme ». Le boulot dâhomme est donc la lutte quotidienne pour une humanitĂ© toujours menacĂ©e par lâabrutissement. AndrĂ© Malavoy, moins sceptique que Primo Levi, se dit, Ă la fin de son tĂ©moignage, plus que jamais conscient de la grandeur de lâhomme, de sa filiation divine, [mais] conscient aussi plus que jamais de sa dĂ©gradation possible. Nous avons vĂ©cu, bĂȘtes parmi des bĂȘtes fĂ©roces, les meilleurs dâentre nous ne pouvant Ă©viter toujours les morsures de la BestialitĂ© »41. La dĂ©couverte de la vulnĂ©rabilitĂ© » de lâĂȘtre humain est si vous me permettez de rĂ©sumer ainsi le rĂ©sultat de mes lectures une des leçons morales Ă tirer de lâexpĂ©rience des camps. Jâemploie Ă dessein le terme de vulnĂ©rabilitĂ© » qui est une notion clĂ© de la philosophie dâEmmanuel LĂ©vinas Le moi, de pied en cap, jusquâĂ la moelle des os, est vulnĂ©rabilitĂ©. », Ă©crit-il dans Humanisme de lâautre homme42. La lecture des rĂ©cits de dĂ©portation nous apporte lâimage dâun humanisme jamais acquis, toujours Ă conquĂ©rir. Lâimmense valeur des tĂ©moignages est de nous montrer des individus qui rĂ©sistĂšrent Ă la dĂ©shumanisation mise en Ćuvre par les nazis, en vainquant lâĂ©goĂŻsme animal toujours aux aguets pour sâouvrir, par des gestes humains, mais dâun humanisme quotidien, Ă lâAutre. Peter Kuon, Directeur de lâInstitut dâĂtudes romanes, UniversitĂ© de Salzbourg Autriche 1 Pierre Daix, La derniĂšre forteresse, Paris, Ăditeurs Français RĂ©unis â Amicale de Mauthausen, 1950, p. 393.2 Roger Gouffault, Quand lâhomme sera-t-il humain, Brive, Ăcritures, 2003, p. 10.3 Suzanne Wilborts, Pour la France, Limoges-Paris-Nancy, Charles-Lavauzelle, 1946, p. 45.4 Ămile et Paul Le Caer, KL Mauthausen. Les cicatrices de la mĂ©moire, Bayeux, Heimdal, 1996, p. 31.5 Louis Buton, Un vendĂ©en rĂ©sistant et dĂ©portĂ©, La CrĂšche, Geste Ă©ditions, 2003, p. 127 ; Louis Balsan, Le ver luisant, Issoudun, Gaignault Ăditeur, 1973, p. 44 ; AndrĂ©e François, Passeurs et dĂ©portĂ©s Pont-Ă -Mousson, P. François â Amicale de Mauthausen, 1990, p. 23.6 Pierre Saint Macary, Mauthausen, percer lâoubli. Mauthausen, Melk, Ebensee, Paris, LâHarmattan, 2004, p. 15. 7 Gilbert Debrise, CimetiĂšres sans tombeaux, Paris, La BibliothĂšque Française, 1946, p. 53.8 Pierre Saint Macary, p. 17.9 Paul Brusson, De mĂ©moire vive, LiĂšge, Ăditions du CĂ©fal, 2003, p. 88.10 Suzanne Wilborts, p. 96.11 Gilbert Debrise, p. 113.12 Georges Loustaunau-Lacau, Chiens maudits. Souvenirs dâun rescapĂ© des bagnes hitlĂ©riens, Paris, Ăditions du rĂ©seau Alliance, 1960, p. 31.13 Ibid., p. 51.14 Roger Heim, La sombre route, Paris, Corti, 1947, p. 43.15 RenĂ© Gille, Au-delĂ de lâinhumain, [1948], p. 52.16 François Wetterwald, Les morts inutiles, Paris, Minuit, 1946, p. 51.17 Gilbert Debrise, p. 113.18 Suzanne Wilborts, p. 96.19 Paolo Liggeri, Triangolo rosso. Dalle carceri di San Vittore ai campi di concentramento e di eliminazione di Fossoli, Bolzano, Mauthausen, Gusen, Dachau. Marzo 1944 â Maggio 1945, Milano, La Casa, 1946, p. 387 ma traduction.20 Paul Brusson, pp. 72 et 74.21 Jean Degroote, Prisons de la Gestapo et camps de concentration, Steenvoorde, Foyer culturel de lâHoutland, 1995, pp. 54-55.22 Jean Laffitte, Ceux qui vivent, Paris, Ăditions Hier et Aujourdâhui, 1947.23 Roger Heim, p. 19.24 Bruno Bettelheim, Comportement individuel et comportement de masse dans les situations extrĂȘmes » 1943, in Survivre, Paris, Robert Laffont, 1979, pp. 66-105, ivi p. 83.25 Paul Tillard, Mauthausen, Paris, Ăditions Sociales, 1945, p. 62.26 Marie-Jo Chombart de Lauwe, Toute une vie de rĂ©sistance, Paris, Graphein-FNDIRP, 1998 Ă©crit 1945 p. 60 [Marie-Jo Chombart de Lauwe est la fille de Suzanne Wilborts].27 Ibid., p. 62.28 Ibid., p. 86.29 Ibid.30 Ibid., p. 96.31 Roger Gouffault, p. 122.32 RenĂ© Gille, p. 79. 33 Jean Varnoux, ClartĂ©s dans la nuit. La rĂ©sistance de lâesprit. Journal dâun prĂȘtre dĂ©portĂ©, Naves, Ăditions de La Veytizou, 1995, p. 246.34 François Wetterwald, p. 179.35 Ibid., pp. 175-176.36 Ibid., p. 176.37 Gilbert Debrise, p. 187.38 RenĂ© Gille, p. 83.39 Hannah Arendt, Die Konzentrationslager », in Elemente und UrsprĂŒnge totaler Herrschaft. Antisemitismus, Imperialismus, totale Herrschaft, Frankfurt/M., Fischer 102005 1951, pp. 907-943, ivi p. 908 ma traduction.40 Jean Degroote, pp. 56-57.41 AndrĂ© Malavoy, La mort attendra. Souvenirs de guerre, Paris-MontrĂ©al, Les Ăditions de lâHomme, 1961, p. 108.42 Emmanuel LĂ©vinas, Humanisme de lâautre homme, Paris, Fata Morgana, 1972, p. 105. â haut de page â âșTRAVAIL CONCENTRATIONNAIRE ET ESCLAVAGE MODERNE La tenue de votre congrĂšs Ă Nantes est une occasion unique de pouvoir parler du rapport entre lâesclavage, le travail humain esclave, et le travail concentrationnaire. La ville de Nantes a malheureusement une expĂ©rience dans ces deux domaines dâabord lâesclavage, pratiquĂ© par les propriĂ©taires et nĂ©gociants tout au long du XVIIIe siĂšcle jusquâĂ lâabolition de 1848. La municipalitĂ© dâaujourdâhui fait de gros efforts, tant sur la question du travail de mĂ©moire que sur la question du devoir dâhistoire ; et aussi la dĂ©portation et la rĂ©sistance, puisque Nantes est Compagnon de la LibĂ©ration. Mais nous savons bien, cher M. Chauvel, que tous les dĂ©bats qui traversent la ville de Nantes, tant sur lâesclavage que sur la rĂ©sistance, sont dâune extrĂȘme acuitĂ© et suscitent les passions. Je remercie lâAmicale de Mauthausen de me donner la possibilitĂ© dâen parler. Je nâai pas besoin de revenir sur les communications dâhier sur le travail esclavagiste dans les camps nazis, peut-ĂȘtre avez-vous parlĂ© aussi des camps soviĂ©tiques⊠Mon propos nâest pas de faire des diffĂ©rences entre les uns et les autres mais de constater en tout cas quâil y a eu des esclaves, des gens obligĂ©s de travailler sans rĂ©munĂ©ration, parfois avec la volontĂ© de les Ă©puiser jusquâau bout, parfois en mĂ©nageant quelque peu la force de travail⊠Aujourdâhui la grande question câest de savoir oĂč on en est de la question, en ce dĂ©but de XXIe siĂšcle. Je voudrais juste en introduction faire allusion Ă lâouvrage dâun ami nantais, un homme dĂ©portĂ© Ă Dora, Pierre Bridonneau. Avec Robert Tartarin, professeur dâĂ©conomie aujourdâhui dĂ©cĂ©dĂ©, nous avons tous les trois soulevĂ© la question posĂ©e par la thĂšse Rocques, soutenue il y a quelques annĂ©es Ă Nantes Ă la facultĂ© des Lettres. Dans la thĂšse, divers textes Ă©taient comparĂ©s, du tĂ©moignage du seul SS qui a assistĂ© aux opĂ©rations dâĂ©limination dans les chambres Ă gaz. Il avait Ă©tĂ© chargĂ© de convoyer le zyklon B utilisĂ© pour les Ă©liminations dans les chambres Ă gaz des camps dâextermination polonais. Cet homme a Ă©tĂ© horrifiĂ©, il est revenu et a Ă©tĂ© capturĂ© dans le Bade Wurtemberg en 1945. InterrogĂ©, il a donnĂ© cinq tĂ©moignages aux services alliĂ©s, amĂ©ricains puis français, Ă©videmment avec des diffĂ©rences. Il sâagissait pour Rocques de faire la comparaison, devant un jury de littĂ©raires et non dâhistoriens, entre ces cinq tĂ©moignages. Il considĂ©rait que sâil y avait des diffĂ©rences, câest que ce tĂ©moignage Ă©tait nul et non avenu⊠Or câest le seul tĂ©moignage complet que nous ayons. Ă partir du moment oĂč vous dites ce tĂ©moignage ne vaut rien », le nĂ©gationnisme peut sâengouffrer⊠Je voudrais donc rendre un hommage Ă mon ami Pierre, qui a publiĂ© un livre au printemps dernier, intitulĂ© Une jeunesse française. Câest un merveilleux tĂ©moignage sur son expĂ©rience concentrationnaire, fait avec un certain dĂ©tachement qui nâa Ă©tĂ© possible que dans une pĂ©riode rĂ©cente. Je vous livre un extrait du livre de Pierre Bridonneau Ce qui au dĂ©but rend la vie trĂšs pĂ©nible Ă Arzungen, câest lâinorganisation du camp. La journĂ©e de travail Ă lâextĂ©rieur, longue et Ă©prouvante, se prolonge Ă lâintĂ©rieur du camp par des corvĂ©es, des changements dâaffectation dans les blocks, des transferts de paillasse ou de matĂ©riel divers, avec lâaccompagnement habituel des hurlements et des coups. Buchenwald en comparaison nous laissait le souvenir dâun camp bien organisĂ© ». Cette question de lâorganisation est importante, nous en parlions tout Ă lâheure Pendant prĂšs de trois mois, je travaille au dehors, piochant ou pelletant selon lâoutil distribuĂ©, les corvĂ©es nous amĂšnent parfois le long de la voie ferrĂ©e de Nordhausen, les enfants dans les trains qui passent nous font des pieds de nez, Ă travers les vitres. On leur a tellement rĂ©pĂ©tĂ© que nous sommes des bandits, des terroristes ! Câest Ă cette occasion que je reçois sur la nuque le coup de bĂąton le plus magistral de mon existence. Nous portons alors des traverses de chemin de fer et des rails. Au signal donnĂ©, les membres dĂ©signĂ©s par les Kapos se baissent et soulĂšvent ensemble la lourde ferraille pour la dĂ©placer, un moment de distraction et quand lâĂ©quipe se redresse je suis seul dans un sens, tournant le dos Ă mes coĂ©quipiers, cela pourrait faire un excellent sketch, mais le kapo nâa pas le sens de lâhumour. Au travail, outre le kapo, rĂšgnent deux terreurs un jeune SS en uniforme des troupes de montagne dont lâapparition sur le chantier sĂšme la panique dans nos rangs et inquiĂšte mĂȘme nos sentinelles et un Vorarbeiter polonais, un gamin qui nous frappe comme une brute⊠Le SS nâapparaĂźt quâĂ©pisodiquement, alors que le Polonais est constamment prĂ©sent et parcourt le chantier comme un chien de chasse sur la piste du gibier, il cogne pour conserver sa fonction et le litre de soupe supplĂ©mentaire quâelle lui procure ». Pierre Bridonneau Ă©tait rĂ©sistant, il a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© en gare de Saumur. A son retour, aprĂšs une marche de la mort vers Hambourg, Pierre rentre en France et passe trois ans Ă lâhĂŽpital de Berk. Venons en Ă notre sujet, lâesclavage moderne. A partir dâune enquĂȘte de lâOIT Organisation Internationale du Travail, organisation spĂ©cialisĂ©e de lâONU, on peut estimer quâil y a 12 millions dâhumains qui aujourdâhui travaillent dans des conditions qui se rapprochent de lâesclavage. Car lĂ aussi, il faut sans doute diffĂ©rencier ce qui serait le travail forcĂ©, le travail imposĂ©, et le travail esclave proprement dit. Le travail forcĂ©, on le trouve en Birmanie, en AmĂ©rique du Sud, en Afrique. Il a Ă©tĂ© trĂšs utilisĂ©, sans doute un peu moins maintenant, parce quâil y a eu une rĂ©volte globale des Indiens dâAmĂ©rique, mais beaucoup de peuples indiens ont Ă©tĂ© obligĂ©s Ă des travaux forcĂ©s jusquâĂ une pĂ©riode rĂ©cente. De la mĂȘme façon, certaines castes en Inde sont quasiment dans une situation dâesclavage. Câest vrai aussi au NĂ©pal, au Pakistan. Câest vrai aussi dans certaines tribus africaines, au Lesotho, en Mauritanie, au Soudan, oĂč lâon a des situations de travail forcĂ©, souvent liĂ©es Ă des situations tribales, voire fĂ©odales, qui se rapprocheraient des anciennes corvĂ©es fĂ©odales au Moyen Ăge en France, en plus dur. Et puis Ă cĂŽtĂ©, il y a le travail imposĂ© qui rĂ©sulte des endettements des familles indiennes en particulier Ă la suite des mariages on dĂ©pense beaucoup et ensuite on est astreint Ă un travail imposĂ© pour rembourser⊠Câest le cas aussi de beaucoup de travailleurs du nord-est brĂ©silien ; câest le cas en Europe des travailleurs Polonais dans les entreprises agricoles de Calabre, dominĂ©s par la mafia calabraise, on ne sait pas ce que certains sont devenus, 120 manquent Ă lâappel, probablement liquidĂ©s par la mafia. On peut aussi parler de travail imposĂ© chez certains travailleurs immigrĂ©s on pense aux Chinois, aux Asiatiques en gĂ©nĂ©ral, dans les ateliers clandestins parisiens. Ils sont obligĂ©s de rembourser ce qui a Ă©tĂ© dĂ©pensĂ© pour leur passage. On peut songer aussi Ă lâexploitation sexuelle qui est trĂšs importante. On estime Ă 250 000 en Europe les femmes qui sont obligĂ©es de se prostituer. Câest un travail forcĂ©. Ă cĂŽtĂ© de ce travail forcĂ© et de ce travail imposĂ©, il faut bien parler du travail concentrationnaire. Quâen est-il en effet ? Il y a trois zones sur lesquelles on peut dire quâil y a du travail concentrationnaire la premiĂšre se situe en Birmanie le Myanmar aujourdâhui. Il y a des camps de rĂ©quisition, beaucoup de femmes, dâenfants, de handicapĂ©s, qui sont utilisĂ©s pour des travaux divers dĂ©forestation, transport de produits, etc., qui subissent des sĂ©vices Ă©pouvantables, par lâarmĂ©e mais pas seulement, par les fonctionnaires birmans qui pratiquent des sĂ©vices, des viols, et parquent les gens le soir. Câest un rapport de lâOIT officiel une enquĂȘte dirigĂ©e par M. Douglas, PrĂ©sident de la Cour suprĂȘme de la Barbade, assistĂ© du PrĂ©sident de la Cour suprĂȘme de lâInde, et dâune avocate australienne qui met en lumiĂšre quâen Birmanie il nây a pas de soins pour les blessĂ©s du travail ou que les sĂ©vices sont frĂ©quents. Certaines minoritĂ©s ethniques sont particuliĂšrement touchĂ©es, on a lĂ un systĂšme intermĂ©diaire entre le travail imposĂ© et le travail concentrationnaire. Par contre, lorsque lâon passe en Chine, on est vraiment dans le travail concentrationnaire et le travail esclavagiste. Câest le systĂšme lao gaĂŻ Ă©quivalent du Goulag en URSS un rĂ©seau de camps de concentration et de travail forcĂ©. Le manuel de rĂ©forme des procĂ©dures criminelles approuvĂ© par le gouvernement chinois dit ceci la tĂąche essentielle de nos installations du laogaĂŻ est de punir et rĂ©former les criminels. Pour dĂ©finir concrĂštement leurs fonctions, elles remplissent leurs tĂąches dans les trois domaines suivants punir les criminels et les garder sous surveillance, les rĂ©habiliter et faire participer les criminels Ă la production, crĂ©ant ainsi de la richesse pour la sociĂ©tĂ©. Nos installations sont Ă la fois des services de lâĂtat et des entreprises spĂ©cialisĂ©es ». Depuis Deng Xiao Ping, on peut penser que les trois quarts des camps de concentration chinois sont devenus des entreprises autonomes, avec des directeurs. Cependant on estime Ă 1 100 le nombre des camps de concentration et Ă 3 000 les centres de dĂ©tention. Nous utilisons en Occident les produits quâils fabriquent produits chimiques, produits agricoles, jouets, coton, bottes, crayons, etc., en provenance de ces camps ! Le systĂšme commence Ă ĂȘtre bien connu, puisque lâon dispose de tĂ©moignages et aussi des images satellite ! On sait parfaitement les localiser. Il y a des degrĂ©s entre ces camps, mais les 1 100 rĂ©pertoriĂ©s sont des camps de concentration politiques. Lâestimation du nombre de prisonniers est difficile 2 millions selon le Gouvernement, et 8 millions selon les organisations dissidentes. La diffĂ©rence semble plus aiguĂ« en Chine entre politiques » et droit commun » que dans les camps nazis. Il faut faire une mention particuliĂšre Ă une situation terrible, celle des gens qui appartiennent Ă la secte Falun Gong. Ils sont vĂ©ritablement dans les camps politiques et on a dĂ©couvert assez rĂ©cemment le camp de Sujiatun prĂšs de la ville de Shen Yang, qui dĂ©tiendrait des milliers de pratiquants de la secte ». Un vrai camp de la mort ». Les prisonniers sont utilisĂ©s pour le prĂ©lĂšvement dâorganes humains pratiquĂ©s Ă haute dose dans les hĂŽpitaux chinois. On a fait des calculs, entre les condamnĂ©s Ă mort qui procurent des organes et le nombre des greffes pratiquĂ©es dans les hĂŽpitaux⊠et cela ne colle pas. TrĂšs probablement, ce sont les dĂ©tenus pour appartenance Ă Falun Gong que lâon utilise. Le goulag chinois existe, mais le systĂšme sans doute le plus dur est Ă lâheure actuelle le goulag corĂ©en du nord. Nous connaissons les 8 camps principaux localisĂ©s par les photos satellite. Les tĂ©moignages sont trĂšs rares, car on ne peut sâĂ©chapper de ces camps. Et le gouvernement sud-corĂ©en ne veut pas insister sur cette question pour ne pas gĂȘner sa politique de rapprochement. Câest trĂšs compliquĂ©. Mais le systĂšme concentrationnaire nord-corĂ©en se divise en trois sĂ©ries de camps. En premier lieu, les 8 grands camps connus, destinĂ©s aux dĂ©tenus politiques, camps de prophylaxie sociale pour dĂ©truire les germes contre-rĂ©volutionnaires » le principal, le camp de Yodok, concentre les prisonniers politiques mais aussi leur famille. Car la doctrine de la CorĂ©e du Nord, câest lâextension de la responsabilitĂ© Ă la famille entiĂšre, et la responsabilitĂ© collective dâun groupe social. Ensuite, 30 camps, gĂ©rĂ©s par la police ordinaire avec les droits communs, ressemblent Ă des pĂ©nitenciers. Enfin des camps rĂ©gionaux, provisoires, pour les fuyards vers la Chine, ou pour les vagabonds, qui sont des camps de travail briqueterie, transport, âŠ. Les conditions de travail sont terribles dans la premiĂšre catĂ©gorie. Ă Yodok, il y a 50 000 personnes, dans une vallĂ©e encaissĂ©e de 50 km sur 30 km. Câest une mine dâor qui emploie les prisonniers, sans possibilitĂ© dâĂ©vasion. Avec une section que les dĂ©tenus appellent les corbeaux noirs » qui vient les chercher pour des expĂ©riences de rĂ©sistance aux gaz de combat et aux techniques de torture. On connaĂźt donc actuellement la barbarie en CorĂ©e, avec aussi les sĂ©ances de pendaison publique, les problĂšmes de dĂ©nutrition. Parmi les dĂ©tenus, il y a les vieux propriĂ©taires fonciers, les collaborateurs du rĂ©gime japonais, les croyants, les pro-corĂ©ens du sud et tous les opposants. La particularitĂ©, et peut ĂȘtre la diffĂ©rence avec les camps nazis, repose sur le fait que ce sont des camps de travail, mais aussi de rééducation. Il y a des Ă©coles de rééducation Ă lâintĂ©rieur des camps, des sĂ©ances deux fois par semaine, avec une astreinte Ă la rééducation permanente et publique. Tant en Chine quâen CorĂ©e du nord, lâhomme est exploitĂ© au maximum comme esclave sans aucune rĂ©munĂ©ration, bien sĂ»r pour des produits qui servent sur le marchĂ© international et national. Câest un problĂšme dâune gravitĂ© extrĂȘme, chacun voulant conquĂ©rir les marchĂ©s et ne regardant pas trop aux exigences que lâon devrait poser en ce qui concerne les produits qui proviennent de ces camps. LâOIT a adoptĂ© deux conventions sur ce sujet la convention n°29 qui vise Ă supprimer le travail forcĂ© sous toutes ses formes, et la convention n°105 qui vise Ă lutter contre lâutilisation du travail forcĂ© Ă des fins politiques mesures dâĂ©ducation politique, les punitions pour faits de grĂšve, les mesures de discrimination raciale ou religieuse, sociale, remarque terminale le travail pĂ©nitentiaire est autorisĂ© par la convention 29 sâil dĂ©coule dâune dĂ©cision judiciaire et sâil est exĂ©cutĂ© sous le contrĂŽle des autoritĂ©s. Les dĂ©tenus ne peuvent pas ĂȘtre utilisĂ©s contre leur grĂ© par des entreprises privĂ©es ou des particuliers. Les Chinois et les CorĂ©ens contournent ces dispositions 165 pays sur les 178 membres de lâOIT ont ratifiĂ© la convention 29 ; 163 pays ont ratifiĂ© la convention 105. Avec la recommandation dâabolir tout travail forcĂ© sur la surface de la terre â mais il y a beaucoup Ă faire pour y parvenir ! En France, le travail forcĂ© nâexiste pas dans le code pĂ©nal. Mais lâarticle 212-1 sanctionne par la rĂ©clusion criminelle Ă perpĂ©tuitĂ© le crime contre lâhumanitĂ© comprenant la mise en esclavage ; lâarticle 225-4 sanctionne par 10 ans dâemprisonnement la traite des ĂȘtres humains, avec 1,5 million dâeuros dâamende ; lâarticle 225-13 sanctionne par 5 ans de prison les conditions de travail contraires Ă la dignitĂ© humaine, avec 150 000 dâeuros dâamende. VoilĂ la situation mondiale. LâAmicale de Mauthausen pose ainsi les problĂšmes dâaujourdâhui en fonction de lâexpĂ©rience que ses membres ont malheureusement vĂ©cue. Ă Nantes, le sujet Ă©tait bienvenu, parce que nous nous efforçons dâĂȘtre un foyer pour lâabolition de lâesclavage. Les sources sont disponibles sur internet Google les enquĂȘtes de lâOIT, les tĂ©moignages de la LaogaĂŻ Research Foundation, les tĂ©moignages des survivants nord-corĂ©ens. Yannick Guin, Maire-adjoint Ă la culture, professeur Ă©mĂ©rite Ă lâUniversitĂ© de Nantes â haut de page â âșACTIVITĂS DES RELAIS DE LA MĂMOIRE EN LOIRE-ATLANTIQUE Je vais parler surtout au nom des Relais de la mĂ©moire. Professeur dans lâenseignement secondaire en Loire-Atlantique depuis prĂšs de 35 ans, en poste Ă Nort-sur-Erdre, tout prĂšs du maquis de SaffrĂ©, un maquis au destin tragique, puis Ă Nantes, la ville de ma jeunesse, mais surtout la ville des otages, enfin et pour quelques annĂ©es encore dans la ville de Chateaubriant, lâautre ville des 50 otages dâoctobre 1941. Chateaubriant, Nantes, mais aussi Saint-Nazaire et tant dâautres communes du dĂ©partement ont toutes Ă©tĂ© marquĂ©es par des moments de rĂ©sistance mais aussi par la terrible rĂ©pression nazie. Câest pour moi un bien grand honneur mais aussi une grande responsabilitĂ© que de reprĂ©senter devant vous mes collĂšgues qui Ćuvrent au sein de lâassociation dĂ©partementale Les Relais de la mĂ©moire. Si tous les professeurs dâHistoire-GĂ©ographie ne nous ont pas rejoints, par expĂ©rience, je le sais, ils enseignent tous le mieux possible Ă leurs Ă©lĂšves lâhistoire de la DeuxiĂšme Guerre mondiale et beaucoup incitent leurs Ă©lĂšves de collĂšge ou de lycĂ©e Ă participer au Concours national de la RĂ©sistance et de la DĂ©portation. Câest pour soutenir cette dĂ©marche que nous avons créé dans notre dĂ©partement lâassociation Les Relais de la mĂ©moire, qui regroupe des reprĂ©sentants des associations de la rĂ©sistance et de la dĂ©portation et des enseignants du secondaire. Nous donnons toute son importance au Concours, depuis le soutien aux Ă©lĂšves qui sâengagent Ă y participer jusquâau jour oĂč sont remis les prix au printemps, moment bien agrĂ©able, puisque M. le PrĂ©fet nous reçoit, avec les laurĂ©ats et leurs familles, dans les salons cossus de la prĂ©fecture. Mais avant, il a fallu travailler. Notre association articule son action autour de plusieurs axes. Des expositions sont Ă la disposition des Ă©tablissements scolaires et des collectivitĂ©s territoriales. Des confĂ©rences sont organisĂ©es dans les Ă©tablissements ou au CRDP. Des livres, cassettes vidĂ©o, DVD, sont Ă la disposition des professeurs et des Ă©lĂšves dans les CDI. Enfin â et câest la principale raison de ma prĂ©sence parmi vous â nous avons commencĂ© Ă enregistrer un film, la mĂ©moire des rĂ©sistants et des dĂ©portĂ©s du dĂ©partement. Ce premier film de 40 minutes, intitulĂ© Des RĂ©sistants en Loire-Atlantique est depuis un an dans tous les Ă©tablissements du dĂ©partement. RĂ©alisĂ© sous lâĂ©gide des Relais de la MĂ©moire, ce film a pu ĂȘtre menĂ© Ă son terme grĂące aux Anciens Combattants, au Conseil gĂ©nĂ©ral, aux Inspecteurs PĂ©dagogiques RĂ©gionaux, et grĂące Ă©videmment au soutien financier, chaque annĂ©e renouvelĂ©, de la ville de Nantes et de nombreuses autres communes du dĂ©partement. GrĂące Ă ces soutiens, notre association remet de nombreux prix chaque annĂ©e et finance, pour les laurĂ©ats du concours, des dĂ©placements sur les lieux de mĂ©moire, tant en France quâĂ lâĂ©tranger nombre de nos Ă©lĂšves ont pu se rendre Ă Mauthausen, accompagnĂ©s par des professeurs et des RĂ©sistants DĂ©portĂ©s ; ou, rĂ©cemment, au Struthof. Enfin, depuis des dĂ©cennies, une journĂ©e est offerte Ă tous nos laurĂ©ats au musĂ©e et au maquis de Saint-Marcel, dans le Morbihan, petite commune prĂšs de Malestroit, haut lieu de la rĂ©sistance bretonne. Dans ce premier documentaire, Jean-François LainĂ© professeur Ă Machecoul et moi, nous avons voulu, Ă travers quelques tĂ©moignages prĂ©cis inscrits dans le contexte de lâĂ©poque et soutenus par des images dâarchives, montrer Ă nos Ă©lĂšves que les rĂ©sistantes et rĂ©sistants Ă©taient des hommes et femmes comme beaucoup dâautres, jeunes ou moins jeunes, habitants des villes ou des villages, souvent des gens discrets, Ă©tudiants, travailleurs, mais des hommes et des femmes qui surent rĂ©agir devant la tragĂ©die que fut lâoccupation de leur pays par lâarmĂ©e hitlĂ©rienne, des envahisseurs terrifiants et hĂ©las soutenus par des milliers de collabos. Jour aprĂšs jour, mois aprĂšs mois, la Loire-Atlantique a donc Ă©tĂ© le théùtre dâune rĂ©sistance courageuse, opiniĂątre, terriblement dangereuse puisque des centaines de nos rĂ©sistants ont payĂ© de leur vie leur engagement contre les nazis, quâils aient Ă©tĂ© fusillĂ©s ou quâils soient morts en dĂ©portation. Parmi toutes ces victimes de la rĂ©pression nazie, les 50 otages ont valu dĂšs le 11 novembre 1941 la citation de la Ville de Nantes Ă lâOrdre de la LibĂ©ration. Nous travaillons actuellement Ă un second documentaire, qui sera consacrĂ© exclusivement Ă la mĂ©moire des dĂ©portĂ©s de la grande rĂ©gion nantaise. Je terminerai en citant deux exemples qui marquent toujours profondĂ©ment mes jeunes Ă©lĂšves lorsque je leur parle des dĂ©portĂ©s de notre petite rĂ©gion, afin de leur rappeler que lâhistoire, la grande histoire, les concerne aussi de trĂšs prĂšs, et que quelques pages de cette histoire ont Ă©tĂ© Ă©crites ici, tout prĂšs de chez eux, dans leur commune, parfois mĂȘme dans leur rue. Printemps 1945, gare dâOrlĂ©ans Ă Nantes, Ă son retour de dĂ©portation dâun kommando de Mauthausen, le Loibl Pass, un syndicaliste nantais descend du train. Sur les quais et dans le hall de la gare, une foule dense est lĂ chaque jour, qui attend le retour des prisonniers, des STO, des dĂ©portĂ©s. EpuisĂ©, le regard perdu, notre ami traverse cette foule, il ne reconnaĂźt personne, personne ne le reconnaĂźt non plus. PĂ©niblement, il se rend Ă son ancienne adresse, proche de la gare. LĂ , heureusement, un commerçant le reconnaĂźt, et il le ramĂšne Ă la gare oĂč, il le sait, son Ă©pouse et ses beaux-frĂšres lâattendent. Il sâapproche enfin de son Ă©pouse, mais il est dans un tel Ă©tat dâabattement physique que celle-ci ne le reconnaĂźt toujours pas. Il faut quâil lui parle pour quâenfin, au son de sa voix, elle comprenne quâil sâagit bien de son mari. Lâhistoire tragique du jeune Alexandre Caillon Ă©meut aussi mes Ă©lĂšves, ce jeune Nantais, ancien Ă©lĂšve du lycĂ©e ClĂ©menceau, et probablement mort Ă San Postel, dans les jours qui ont suivi la libĂ©ration. Le 1er mai 1945, Alexandre peut Ă©crire un petit mot Ă ses parents, dans lequel il leur annonce quâil est souffrant mais quâil a Ă©tĂ© libĂ©rĂ© par les Anglais. A partir de lĂ , une longue et terrible attente va commencer pour la famille. Cinq annĂ©es plus tard, sa mĂšre, qui ne se rĂ©sout toujours pas Ă lâidĂ©e que son fils nâest plus, se rend dans le nord de lâAllemagne. Alors, sur les routes cahotantes dâun pays en reconstruction, elle va en taxi dâune ville Ă lâautre, dâune mairie Ă lâautre. En vain. A travers ces exemples, Ă travers tous ceux que vous, les survivants, donnez sans relĂąche aux Ă©lĂšves, nous pouvons puiser, nous, enseignants, de quoi motiver nos Ă©lĂšves Ă connaĂźtre et Ă apprendre. Câest le but que nous nous fixons au sein des Relais de la mĂ©moire. Au nom des collĂšgues de notre dĂ©partement, je tiens Ă vous assurer de notre fidĂ©litĂ©, Ă vous fĂ©liciter et Ă vous remercier. Ătienne Gasche, professeur dâhistoire â haut de page â âșLA PLACE DE LA DĂPORTATION DANS LâENSEIGNEMENT Mesdames, Messieurs, Vous avez souhaitĂ© Ă©voquer la place de la dĂ©portation dans lâenseignement. Votre demande trouve naturellement sa place dans la recrudescence actuelle des dĂ©bats mĂ©diatiques concernant les enjeux de mĂ©moire. A cette fin, lâĂ©cole est rĂ©guliĂšrement sollicitĂ©e. Soit pour que les enseignants tĂ©moignent des tensions existantes dans leurs classes, soit dans la perspective dâune interrogation sur les programmes, sur les directives ministĂ©rielles ou parlementaires les lois dites de mĂ©moire » ou sur les pratiques dâenseignement. De maniĂšre rĂ©currente, reviennent dans la presse et les mĂ©dias ces lancinantes questions quâapprend-on Ă lâĂ©cole ? » ; que se passe-t-il en cours dâhistoire ? » Ces interrogations qui entrecroisent histoire et mĂ©moire sont lĂ©gitimes. Tout comme vous pouvez vous demander si la loi du 14 avril 1954 instituant la commĂ©moration des hĂ©ros, victimes de la dĂ©portation dans les camps de concentration au cours de la guerre 1939-1945 » reste aux portes de lâĂ©cole. Sur ce point vous pouvez ĂȘtre rassurĂ©s la dĂ©portation est enseignĂ©e dans les classes. Les quelques minutes qui suivent pourraient donc sâarticuler autour de trois interrogations Que disent les programmes ?Quelles sont les pratiques pĂ©dagogiques des professeurs ?Quels sont les enjeux ? La dĂ©portation est une question inscrite au cĆur des programmes â En collĂšge, la question de la dĂ©portation est abordĂ©e en troisiĂšme. Le programme prĂ©cise que lâĂ©tude de lâEurope sous la domination nazie conduit Ă dĂ©crire les formes de lâoccupation, la politique dâextermination et Ă dĂ©finir collaborations et rĂ©sistances ». Le texte des programmes cite mĂȘme explicitement les tĂ©moignages sur la dĂ©portation et le gĂ©nocide » dans la liste des documents qui doivent ĂȘtre utilisĂ©s dans les classes.â En lycĂ©e, la dĂ©portation est Ă©tudiĂ©e en classe de premiĂšre et de terminale. En classe de premiĂšre, la question est abordĂ©e de maniĂšre classique, si lâon peut dire, car le programme prĂ©cise quâ Ă cĂŽtĂ© des grandes phases de la guerre, la politique nazie dâextermination doit ĂȘtre vue, en centrant lâĂ©tude sur lâunivers concentrationnaire et lâextermination systĂ©matiques des juifs et des Tziganes ». Lâapproche en classe terminale est plus novatrice puisque les programmes intĂšgrent les enjeux mĂ©moriels Ă lâenseignement de lâhistoire de la seconde guerre mondiale. Les Ă©lĂšves Ă©tudient lâĂ©mergence de diffĂ©rentes mĂ©moires de la pĂ©riode de guerre au sein de la sociĂ©tĂ© française », et une sĂ©quence est consacrĂ©e au bilan et mĂ©moires de la Seconde Guerre mondiale. Les objectifs sont clairement affichĂ©s puisquâil est Ă©crit dans les documents dâaccompagnement Ces mĂ©moires sont multiples, chacune ne montrant quâune vision partielle. Sâil est impossible dâen tenter une typologie exhaustive, il est important que les Ă©lĂšves comprennent, dâune part, que les souvenirs et la rĂ©interprĂ©tation de ceux-ci par les mĂ©moires individuelles ou collectives diffĂšrent selon les personnes et les groupes et leur relation avec lâĂ©vĂšnement ; dâautre part, que des mĂ©moires de groupe se construisent, Ă©voluent et, Ă©ventuellement entrent en concurrence ; enfin quâil est possible de faire lâhistoire de ces phĂ©nomĂšnes ». Ainsi, dans lâaprĂšs-guerre, la singularitĂ© du GĂ©nocide est dâabord incluse dans la dĂ©portation, voire dans la somme des souffrances de lâOccupation. Aujourdâhui en revanche, les chercheurs distinguent la dĂ©portation de rĂ©pression de la dĂ©portation de persĂ©cution les juifs essentiellement mieux Ă©tudiĂ©e et mĂ©diatisĂ©e. Or si on prend lâexemple de la France aux 76 000 dĂ©portĂ©s parce que Juifs identifiĂ©s par Serge Klarsfeld sâajoutent les 89 000 dĂ©portĂ©s dits politiques revenus beaucoup plus nombreux, il est vrai. La dĂ©portation dans les pratiques des enseignants Si la dĂ©portation est inscrite dans les programmes de maniĂšre incontestable, est-elle pour autant abordĂ©e dans les classes ? La question est dâimportance, car chacun sait que le programme nâest pas toujours lâenseignement et que les Ă©carts peuvent ĂȘtre grands. Sur ce point la rĂ©ponse est positive la question mobilise fortement les enseignants. â Tout dâabord, deux exemples locaux si vous le permettez. Lâan dernier, un groupe dâĂ©lĂšves du lycĂ©e Yourcenar du Mans, associĂ©s Ă un groupe de lycĂ©ens autrichiens a fait un travail commun sur les enfants et adolescents persĂ©cutĂ©s sous lâoccupation allemande ». Ce double regard, ce regard croisĂ© sur lâhistoire et les mĂ©moires a Ă©tĂ© enrichissant pour ces adolescents. Cette confrontation de situations historiques diffĂ©rentes permet de contribuer Ă la formation civique des Ă©lĂšves. Le second exemple est celui du lycĂ©e Saint-FĂ©lix de Nantes, qui en mai dernier, pour clore une sĂ©rie de visites dans les camps du Struthof, de Buchenwald, de Mauthausen et dâAuschwitz, entre 2004 et mars 2006, a organisĂ© une exposition intitulĂ©e De la RĂ©sistance Ă la DĂ©portation en y associant la venue de tĂ©moins. LĂ aussi lâobjectif Ă©tait clair transmettre la mĂ©moire de la dĂ©portation. â Dâaucuns pourraient rĂ©torquer quâil sâagit lĂ dâexemples atypiques et isolĂ©s qui cacherait un dĂ©sert. Une enquĂȘte rĂ©alisĂ©e en 2006 dans lâacadĂ©mie de Versailles auprĂšs de 100 professeurs de 59 lycĂ©es et de 215 professeurs de 164 collĂšges permet de maniĂšre un peu plus scientifique que les 2 exemples prĂ©cĂ©dents dâaffirmer le contraire et de rĂ©futer de telles allĂ©gations. Selon lâenquĂȘte, 72 % des professeurs en lycĂ©e consacrent une Ă deux heures Ă lâenseignement de la dĂ©portation et de lâextermination. En collĂšge, 84 % des professeurs consacrent Ă la question entre une et trois heures, ce qui montre lâimportance que lui accordent les enseignants⊠qui prennent parfois lâinitiative dâaller au-delĂ de lâhoraire conseillĂ© dans les programmes ! Ă ces heures, sâajoutent le plus souvent des actions pĂ©dagogiques qui ne sont pas toujours incluses dans le strict horaire de la discipline ainsi, 30 % des professeurs de lycĂ©e et 36 % des professeurs de collĂšge sollicitent des intervenants â rĂ©sistants ou dĂ©portĂ©s â pour venir tĂ©moigner. Les associations de dĂ©portĂ©s jouent Ă cet Ă©gard un rĂŽle essentiel dans la transmission de la mĂ©moire des faits. 65 % des professeurs en lycĂ©e et 51 % en collĂšge projettent des films ou des extraits Nuit et Brouillard, De Nuremberg Ă Nuremberg, Ils ont vu la guerre en couleur pour Ă©voquer les plus frĂ©quents. Des professeurs imposent aussi des lectures comme Primo Levi, Curzio Malaparte et Jorge Semprun. En collĂšge cela dĂ©bouche souvent sur un travail disciplinaire avec le professeur de lettres. Ă cela sâajoutent des voyages scolaires vers les lieux de mĂ©moire. Si lâon tient compte de la lourdeur de la prĂ©paration pour les enseignants, ceux-ci sont nombreux. En lycĂ©e, les voyages dâĂ©tude se dirigent vers le Struthof, Auschwitz et RavensbrĂŒck. En collĂšge, le MĂ©morial de Caen est la destination privilĂ©giĂ©e. La RĂ©gion des Pays de Loire favorise dâailleurs ces visites en participant au financement des dĂ©placements des lycĂ©ens de lâacadĂ©mie au MĂ©morial de Caen. Enfin, il ne faut pas oublier le Concours national de la RĂ©sistance et de la DĂ©portation, créé officiellement en 1961 pour perpĂ©tuer chez les jeunes le souvenir des crimes de guerre, des sacrifices consentis pour la LibĂ©ration de la France. Ce concours donne lâoccasion aux Ă©lĂšves de rencontrer des dĂ©portĂ©s et des rĂ©sistants et dâĂ©tablir un lien tangible entre les gĂ©nĂ©rations. Il est dâailleurs intĂ©ressant de souligner que le thĂšme de la dĂ©portation est plus porteur que celui de la rĂ©sistance et que le nombre des participants â environ 45 000 Ă©lĂšves chaque annĂ©e â augmente si le sujet porte sur la dĂ©portation. Cela peut surprendre, mais il faut rapprocher ce phĂ©nomĂšne de la montĂ©e des prĂ©occupations mĂ©morielles depuis une vingtaine dâannĂ©es les victimes sont les hĂ©ros dâaujourdâhui. Il convient donc de sâinterroger sur les enjeux dans lâenseignement de la dĂ©portation. Les enjeux et les grandes orientations dans lâenseignement de la dĂ©portation La premiĂšre prĂ©occupation du professeur est Ă©videmment de sâattacher Ă faire connaĂźtre les faits Ă ses Ă©lĂšves. Pour aller vite et Ă grands traits la domination nazie et lâinstauration dâun nouvel ordre europĂ©en ; la politique raciale et dâextermination des Juifs, Tziganes et autres ; en ce qui concerne la France, le rĂŽle du rĂ©gime de Vichy, les formes de collaboration, la rĂ©sistance dans toutes ses composantes â intĂ©rieure et France Libre. Cela peut paraĂźtre simple et consensuel, mais exige du professeur dâintĂ©grer les apports de la recherche historique sur la collaboration dâEtat, sur la politique antisĂ©mite de Vichy, sur la lutte contre la rĂ©sistance, sur la RĂ©sistance elle-mĂȘme. Il est rĂ©volu, le temps oĂč les manuels parlaient dâune collaboration imposĂ©e par lâAllemagne, oĂč certains prĂ©sentaient le marĂ©chal PĂ©tain et le gĂ©nĂ©ral de Gaulle comme les deux faces dâune mĂȘme mĂ©daille, le premier Ă©tant le bouclier et le second lâĂ©pĂ©e. Aujourdâhui, dans les classes, la dĂ©portation est abordĂ©e dans toute sa complexitĂ©. Une typologie est le plus souvent dressĂ©e dĂ©portation raciale et politique Ă©voquĂ©es prĂ©cĂ©demment, mais aussi requis du STO » parfois encore assimilĂ©s aux dĂ©portĂ©s. La rĂ©alitĂ© et la matĂ©rialitĂ© des faits occupent Ă©videmment une grande place convois, arrivĂ©e au camp, vie quotidienne, souvent grĂące aux tĂ©moins invitĂ©s Ă tĂ©moigner. Ce recours aux tĂ©moins, essentiel puisque lâĂ©poque des tĂ©moignages est en train de cĂ©der la place Ă la conversation de la mĂ©moire par les gĂ©nĂ©rations plus jeunes, pose nĂ©anmoins aux professeurs la question du lien entre mĂ©moire et histoire. Ce nâest ni le lieu ni le temps de dĂ©velopper cette question largement mĂ©diatisĂ©e, souvent â on ne peut que le dĂ©plorer â de maniĂšre polĂ©mique. Il nây a pas de sĂ©paration entre Histoire et MĂ©moire, mais les distinguer est indispensable. La mĂ©moire fĂ©conde lâhistoire et aiguillonne souvent lâhistoriographie. Lâhistorien ne peut mĂ©priser la mĂ©moire mais il ne doit pas ĂȘtre dominĂ© par les porteurs de mĂ©moire sinon la mĂ©moire tue la vĂ©ritĂ©. Il faut donc Ă©viter lâĂ©cueil de la tyrannie de la mĂ©moire qui met Ă mal, parfois, la cohĂ©sion nationale et les valeurs de la RĂ©publique. Câest pourquoi il faut parler de travail de mĂ©moire et de devoir dâhistoire. Pour cette raison, les programmes de lycĂ©e intĂšgrent aujourdâhui la MĂ©moire et contribuent Ă faire rĂ©flĂ©chir les lycĂ©ens sur le statut et la place du tĂ©moignage dans lâĂ©criture de lâHistoire. Deux anecdotes, si vous le permettez, pour bien saisir lâenjeu. La premiĂšre sur la mĂ©moire du Front populaire chez les dockers que grĂące Ă lui, ils ont pu voir la mer » ! La seconde un travail sur la mĂ©moire de lâimmigration italienne en Lorraine, montre des immigrĂ©s qui auraient Ă©tĂ© de farouches antifascistes, or ils Ă©margeaient presque tous au fascio local qui aidait les familles⊠Ces deux exemples, sont volontairement pris hors du champ de cette intervention jâaurais pu prendre appui sur les mĂ©moires successives de la seconde guerre mondiale le tous rĂ©sistants » de lâaprĂšs-guerre â entre parenthĂšses, ce concept de rĂ©sistancialisme prend naissance dans les milieux proches de la droite extrĂȘme ! â puis le tournant des annĂ©es 70 avec le livre emblĂ©matique de lâhistorien amĂ©ricain Paxton sur Vichy et le film de Marcel Opus Le Chagrin et la pitiĂ© vous font comprendre le travail nĂ©cessaire de lâenseignant dans sa classe mĂ©moires individuelles, mĂ©moires collectives, quelle place pour une histoire commune ? OpĂ©ration intellectuelle laĂŻcisante ». LâHistoire et son enseignement ont donc pour objet de reconstituer un passĂ© commun. Par la mise Ă distance du passĂ©, par la confrontation des points de vue, lâHistoire est en mouvement et réécrite en permanence. En conclusion, je voudrais simplement rappeler la dimension civique essentielle qui sous-tend lâenseignement de cette question. Parce quâelle porte atteinte au Droits fondamentaux de lâHomme, la DĂ©portation permet de faire rĂ©flĂ©chir sur les droits, sur la libertĂ©, concepts clĂ© dans la formation civique des Ă©lĂšves. Lacan Ă©crivait que lâAmour, la Haine et lâIgnorance Ă©taient les trois passions de lâHomme. Je crois que dans les classes, sur le sujet qui nous intĂ©resse, les professeurs cherchent Ă Ă©viter le pathos et Ă conduire leurs Ă©lĂšves, ce qui semble essentiel, vers lâacte de penser. Pierre Aballea, IPR-IA dâhistoire
RetourĂ lâaccueil. Monde La Chine envisagerait de mettre fin aux camps de travail forcĂ©. Partager sur Messenger; Partager sur Facebook; Partager sur Twitter; Partager sur Flipboard; Partager
Mots MandalaSur le principe des mots croisĂ©s ou flĂ©chĂ©s ou mĂȘlĂ©s, les mots en mandala. Accueil Contact PubliĂ© le 24 mai 2010 Les mots de la grille se suivent Ă partir de la case grisĂ©e, passent par chaque lettre, une seule fois et ont tous un rapport avec le thĂšme donnĂ© en titre. Le fil des mots, une fois dĂ©chiffrĂ©, donne une phrase. Elle Ă©voque, ce que le titre l'annonce *
PĂRIODESOVIĂTIQUE ET POSTSOVIĂTIQUE From Stalin To Sochi â
Recherche - DĂ©finition Recherche - Solution Les 3 meilleures solutions pour TRAVAIL FORCE Solution DĂ©finition CORVEETRAVAIL FORCE EN 6 LETTRESPENSUMTRAVAIL FORCE EN 6 LETTRESSTOTRAVAIL FORCE EN 3 LETTRESD'autres solutions pour TRAVAIL FORCE Solution DĂ©finition AIRTRAVAIL NOTEARDEURFORCEFORCE D'ACTIONFORCE ET COURAGEON PEUT L'EMPORTER A SON TRAVAILCARTEFORCE EN MAINPRESENTE LE TRAVAIL D'UNE BRIGADECLEANGLAISE AU TRAVAILPRISE DE FORCEFOREPRESENTE LE MONDE DU TRAVAILGOULAGCAMP DE TRAVAIL FORCECAMP DE TRAVAIL FORCE EN URSSITTARRET DE TRAVAILCONGE FORCEINTERRUPTION DE TRAVAILOISIVE OUVRIER PEINEPRISE PAR CELUI QUI FORCETRAVAILPROLETAIREIL VEND SA FORCE DE TRAVAILRUSEELLE PEUT VAINCRE LA FORCEELLE VAUT TOUJOURS MIEUX QUE LA FORCELA FORCE DU FAIBLEPEUT VAINCRE LA FORCETITANSON TRAVAIL EST GIGANTESQUEUN CAS CELEBRE DE FORCE MAJEUREUNE FORCE DE LA NATUREABATTUSANS FORCE PHYSIQUE OU MORALEABEILLEMEMBRE DE FORCE OUVRIEREABOLIR ABRUTIVICTIME DU TRAVAILABUSEFORCE LA DOSEACCABLER ACCELERERFORCE L'ALLUREJe propose une nouvelle solution ! Compte-rendu de la recherche pour TRAVAIL FORCE Lors de la rĂ©solution d'une grille de mots-flĂ©chĂ©s, la dĂ©finition TRAVAIL FORCE a Ă©tĂ© rencontrĂ©e. Qu'elles peuvent ĂȘtre les solutions possibles ? Un total de 23 rĂ©sultats a Ă©tĂ© affichĂ©. Les rĂ©ponses sont rĂ©parties de la façon suivante 3 solutions exactes 0 synonymes 20 solutions partiellement exactes D'autres dĂ©finitions intĂ©ressantes Solution pour GROS FUMEUR SICILIENSolution pour RATITESolution pour PORCHERIESolution pour DEDAIGNERSolution pour FAIRE REPOSER Solution pour ONDINE OU SIRENESolution pour SEMILLANTSolution pour ENTRELACEESSolution pour DESAXESolution pour FEMME D OSIRIS
6La concurrence politique en Estonie, au lieu de suivre une logique « droite » - « gauche », suit pl ; LâEstonie a une position unique parmi les pays post-soviĂ©tiques. Elle a eu, de mĂȘme que les deux autres pays baltes, que la Moldavie et que certaines autres rĂ©gions occidentales de lâURSS, une histoire nationale antĂ©rieure Ă lâavĂšnement de lâURSS de 1918 Ă 1939.
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Lettrede motivation. jeudi 7 mai 2009, par Fil. Madame, Monsieur le directeur de TF1, ayant appris la libĂ©ration rĂ©cente du poste de stratĂšge Web au sein de votre sociĂ©tĂ©, jâai lâhonneur de vous envoyer mon curriculum vitĂŠ, que vous recevrez prochainement par La Poste. Mais voici dâores et dĂ©jĂ , car le temps presse, ma lettre de
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Commentles proches des disparus des goulags soviétiques ont remué ciel et terre pour percer un des derniers mystÚres de la Guerre
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Le 1er site dâinformation sur lâactualitĂ©. Retrouvez ici une archive du 07 janvier 2001 sur le sujet David Rousset dĂ©nonce les camps soviĂ©tiques
PubliĂ©3 avril 2018, 0723ChineLes camps de travail forcĂ©, une horreur» qui perdureAu mĂ©pris des droits humains, il y aurait actuellement entre 5 et 8 millions de prisonniers» chinois dans des camps concentrationnaires.Image d'illustration Les prisonniers sont jugĂ©s en gĂ©nĂ©ral en 2 ou 3 minutes avant d'ĂȘtre envoyĂ©s dans les camps. Mardi 3 avril 2018AFPPĂ©kin avait annoncĂ© en 2013 l'abolition des camps de travail forcĂ© en Chine, triste hĂ©ritage des annĂ©es Mao. Quatre ans aprĂšs, ces camps existent toujours, selon Jean-Luc Domenach, expert de la question. Bafouant droits humains et du travail, ils contribuent largement Ă faire tourner l'Ă©conomie du pays.Le systĂšme punitif chinois repose encore et toujours pour l'essentiel sur les camps de travail forcé», explique dans un entretien Ă l'ats ce professeur français de sciences politiques et spĂ©cialiste de la Chine, notamment de son systĂšme livre publiĂ© en 1992, Chine l'archipel oublié», est considĂ©rĂ© comme l'une des recherches les plus importantes sur les camps concentrationnaires chinois. Sa vaste enquĂȘte y rĂ©vĂ©lait l'Ă©tendue du plus grand systĂšme de dĂ©tention du monde. Il prĂ©pare actuellement un nouveau livre sur le sujet, prĂ©vu pour de 1000 camps au totalIl y a aujourd'hui entre 5 et 8 millions de prisonniers dans prĂšs de 1000 camps de travail forcé», affirme Jean-Luc Domenach. Selon ses derniĂšres recherches, il y a environ 750 laogai» camps de rĂ©forme ou rééducation par le travail» et entre 100 et 200 laojiao» camps d'enseignement par le travail».Les laogai» concernent surtout les prisonniers politiques et de droit commun. Ce systĂšme de camps avait Ă©tĂ© créé par Mao TsĂ©-Toung et a longtemps Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme l'Ă©quivalent du goulag soviĂ©tique. A la fin des annĂ©es 50, les laogai» ont emprisonnĂ© jusqu'Ă 20 millions de personnes, selon le professeur laojiao» regroupent les peines pour la petite dĂ©linquance crimes mineurs, petits vols et trafic de drogues. Il y a aussi des camps spĂ©ciaux, notamment pour les jeunes, les droguĂ©s et les en 2 ou 3 minutesDans les deux types de camps principaux, les prisonniers, jugĂ©s en gĂ©nĂ©ral en 2 ou 3 minutes, sont livrĂ©s Ă des travaux terriblement durs, lourds et longs contre une rĂ©munĂ©ration dĂ©risoire. Autant dire qu'il s'agit de vol de travail», affirme M. une main-d'oeuvre presque gratuite qui sert Ă tout construction de routes, de ponts, de logements, de voitures, mais aussi de toutes sortes de produits commerciaux fabriquĂ©s Ă la chaĂźne et Ă bas prix, cite-t-il en exemples. Ces camps de travail passent des contrats avec des entreprises et souffrent aussi de graves problĂšmes de corruption, explique l' mĂ©caniques, vĂȘtements, dĂ©corations de NoĂ«l, jouets, raquettes et balles de ping pong, thĂ© noir, etc autant de produits que l'on retrouve dans les rayons de magasins occidentaux, notamment en France et en Suisse, et qui ont Ă©tĂ© directement fabriquĂ©s dans des camps de travail, au fouet», selon l'expression du spĂ©cialiste. Un marchĂ© qui pourrait se chiffrer en milliards, selon les enquĂȘtes sur le occidentaleSi ces camps de travail sont moins atroces» en 2018 que durant la pĂ©riode maoĂŻste des annĂ©es 50, ils restent nĂ©anmoins une horreur» qu'il faut continuer Ă faire connaĂźtre et dĂ©noncer, souligne M. Domenach. Aujourd'hui, il s'agit plus d'exploiter Ă©conomiquement le travailleur forcĂ© que d'Ă©liminer des prisonniers politiques, dissidents ou hautement criminels, regrette par ailleurs l'indiffĂ©rence des gouvernements occidentaux par rapport Ă ces camps de travail forcĂ©, moteur de l'Ă©conomie chinoise. Il constate que malheureusement peu d'accords de libre-Ă©change avec PĂ©kin mentionnent cette spĂ©cialitĂ© les prisons noiresEnfin, d'autres lieux de dĂ©tention extrajudiciaire en Chine inquiĂštent Jean-Luc Domenach les prisons noires. Il s'agit d'hĂŽtels, d'appartements, de caves ou de bureaux dĂ©saffectĂ©s transformĂ©s en prisons illĂ©gales par les pouvoirs locaux.La loi autorise la police locale, provinciale ou nationale Ă enfermer et retenir pour deux fois six mois des personnes, essentiellement des intellectuels et avocats, critiquant le pouvoir communiste. Entre 20 et 30'000 personnes seraient actuellement concernĂ©es», selon ses rĂ©centes de mention des camps de travail dans l'ALE avec PĂ©kinEn Suisse, Ă l'Ă©poque de la signature de l'accord de libre-Ă©change ALE entre la Chine et la Suisse, une plate-forme de cinq ONG avait dĂ©fendu bec et ongle la question des droits humains pour ce traitĂ© bilatĂ©ral. Elle avait notamment insistĂ© sur la situation dans les camps de travail forcĂ©. Aucune mention n'y de cinq ans aprĂšs la signature de l'accord 6 juillet 2013 et quatre ans aprĂšs son entrĂ©e en vigueur 1er juillet 2014, Thomas Braunschweig se dit toujours trĂšs déçu de la politique suisse» dans ce contexte. Responsable du dossier chinois Ă Public Eye, il dĂ©plore l'attitude peu courageuse du Conseil fĂ©dĂ©ral, qui n'a mĂȘme pas osĂ© mentionner les mots droits humains» dans l' lui, le chef du DĂ©partement fĂ©dĂ©ral de l'Ă©conomie DEFR Johann Schneider-Amman avait promis de faire figurer les droits humains dans le prĂ©ambule du traitĂ©. Une promesse jamais ignorĂ©esL'ALE avec la Chine est donc trĂšs en deçà de tous les accords conclus rĂ©cemment par la Suisse, dont le prĂ©ambule contient au moins une rĂ©fĂ©rence aux droits humains et Ă la DĂ©claration universelle. Visiblement, la Suisse leur accorde un poids diffĂ©rent selon le partenaire de nĂ©gociations, avaient critiquĂ© Ă l'Ă©poque les ONG suisses regroupĂ©es dans la Plateforme Chine».Celle-ci avait insistĂ© pour que l'ALE contienne des dispositions contraignantes concernant le respect des droits humains et des normes du travail. En vain. La plupart de ses revendications avaient Ă©tĂ© le DĂ©partement fĂ©dĂ©ral des affaires Ă©trangĂšres DFAE Ă©tait ouvert aux question des droits humains, ce n'Ă©tait pas le cas du SecrĂ©tariat d'Etat Ă l'Ă©conomie SECO des services de M Schneider-Amman, se souvient M. Braunschweig. Le SECO a clairement influencĂ© le Conseil fĂ©dĂ©ral», dit-il, critiquant une posture idĂ©ologique inflexible».ats
tBMHz. gqlk7wm74s.pages.dev/877gqlk7wm74s.pages.dev/404gqlk7wm74s.pages.dev/25gqlk7wm74s.pages.dev/39gqlk7wm74s.pages.dev/680gqlk7wm74s.pages.dev/581gqlk7wm74s.pages.dev/450gqlk7wm74s.pages.dev/78gqlk7wm74s.pages.dev/639gqlk7wm74s.pages.dev/558gqlk7wm74s.pages.dev/572gqlk7wm74s.pages.dev/498gqlk7wm74s.pages.dev/879gqlk7wm74s.pages.dev/396gqlk7wm74s.pages.dev/452
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